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2022 -
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2025Quelques réflexions et observations concernant une parcelle non exploitée, conservée en "réserve naturelle", couverte surtout de prairie et d'arbres.Bref historique :
Avant les années 1940 toute cette zone était boisée, un ancien agriculteur de la région, qui était gosse à l'époque, m'a raconté comment il a aidé son père à détruire les souches en les faisant exploser avec de la poudre, après avoir coupé les arbres ! ceci afin de convertir la zone à l'agriculture, selon la politique de l'époque.Au début des années 1970 mon père a acheté ce qui était alors un champ de pomme de terre au milieu d'autres cultures intensives, convertissant petit à petit une partie du terrain pour une production potagère et fruitière familiale, un bon exemple de "jardin rural" selon la classification IUCN des biotopes. Le reste de la parcelle était une prairie - donc depuis plus de 50 ans maintenant !
Depuis les années 2000 et son décès, je me suis retrouvé seul à l'entretenir, avec quelques outils légers ! et comme les cultures agricoles ne sont pas ma passion, il sert désormais surtout mes intérêts naturalistes.
Les environs se transforment aussi rapidement, avec des développements urbains se rapprochant depuis des décennies, mais depuis quelques années moins d'agriculture intensive.
. . .Toutes les photos ont été prises sur place, mais tous les animaux ne s'y trouvent pas en permanence, surtout les plus gros !

En relisant cette page je constate que les illustrations ne représentent guère la "prairie" donc voici un des tas de foin issu de la fauche annuelle !
En effet, en l'absence d'une exploitation commerciale, j'ai décidé de faucher la moitié de la prairie pour un assolement plus maigre, et de former ces tas de paille en périphérie. Après quelques années le travail nécessaire paraît un peu exagéré, mais sans fauche les arbres apparaissent rapidement et la prairie disparaîtrait...
Il serait évidemment beaucoup plus simple de laisser un agriculteur faucher le terrain 2 fois par année et emmener les bottes de foin ! Mais l'effet sur le milieu n'est pas tout à fait le même, et explique peut-être le nombre de petites découvertes faites sur ce terrain, voir plus bas....
Malgré une surface de moins d'un hectare il est assez varié, avec une majorité de surface de prairie sur un sol relativement basique, arbres et haie sur un côté avec des variétés assez exotiques par endroit, plus indigènes dans d'autres, quelques fruitiers, noyers, noisetiers, sureaux, qui fournissent de la nourriture à la faune plus qu'aux propriétaires !

2 lignes de vignes qui ont survécu malgré l'entretien minimal, et des parties d'herbe courte permettent de varier les micro-habitats et la flore, tout en rendant le passage plus confortable, en évitant de collecter trop de tiques par exemple ! Les oiseaux apprécient aussi ces zones de pelouse car ils peuvent capturer les insectes plus facilement, pareil pour les mammifères en déplacement.
Tout autour se trouvent des zones de friches avec de nombreux solidages invasifs sur certaines parcelles voisines, des zones de bois, des parcelles fauchées pour le foin. Mais aussi une entreprise de jardinage et paysagisme, amateurs de chiens et SPA proche, le tout rendant la zone relativement fréquentée, au moins sur les chemins, et durant certains horaires...

Le
Pie-grièche écorcheur Lanius collurio a généralement 2 nichées annuelles, il fréquente les zones ouvertes et se perche sur les fruitiers, laissant parfois quelques "réserves" dans les épineux.

Les
Hypolaïs polyglotte Hippolais polyglotta sont aussi des nicheurs réguliers, parfois présents en nombre, se poursuivant, peut-être des querelles de territoire à l'arrivée... On peut voir sur les photos ci-dessus le regard dirigé vers le sol, la prairie source de leur nourriture, c'est à dire des insectes....

Les zones arborisées apportent une diversité avec des différences d'exposition, les zones ombragées conservant mieux l'humidité, l'herbe est encore verte, malgré une année très sèche, et des micro habitats variés...

La
Fauvette grisette Sylvia communis niche régulièrement dans cette zone, très abondante pendant quelques années, mais en 2023 c'est sa petite soeur, la Fauvette babillarde qui semble l'avoir remplacée, bien plus discrète hélas, et elle ne semble pas s'être implantée...
Beaucoup de variété donc malgré la faible surface, et l'idée est d'entretenir cette variété en fauchant de manière différenciée, pour préserver des parties en prairie, d'autres en coupes plus fréquentes qui produisent souvent plus de fleurs, surtout en début de saison. Les tas de bois, de foin, et même quelques plaques de paille au sol peuvent rajouter des micro-habitats et protection pour les insectes, voire reptiles et petits mammifères.
Les nombreux
nichoirs et la
mare, sont aussi très fréquentés !

Le
Pic vert Picus viridis (ici un jeune à la mare) est présent quotidiennement sur l'herbe, à la recherche de fourmis !
Gros changement en
2016, suite à la perte des machines utilisées pour l'entretien, le terrain a été loué pour la saison :
des chevaux qui manquaient d'espace dans leurs box s'installent provisoirement. Malgré l'impact certain sur le terrain, je n'ai pas observé de grosses modifications au niveau de la flore... peut-être la disparition des chenilles Processionnaires des zones fréquentées par les chevaux... Leur présence durait depuis des années, peut-être ont-elles été piétinées en quittant ces arbres et en s'enfouissant dans le sol, car les chevaux adoraient se tenir sous le couvert et la pression sous les sabots doit être importante, surtout quand le sol est un peu humide ?
Mais le locataire ne reste qu'une saison, et en
2017 le travail de fauche recommence !

La longue haie abrite de nombreux nids chaque printemps, et isole un peu la faune qui fréquente la parcelle. Tout ça demande cependant beaucoup de travail ! J'essaie de tondre des passages pour faciliter l'accès, la prairie est sur la droite, et des zones intermédiaires entre deux.

Même passage vu d'un autre angle, on voit l'effet de la fauche différenciée : au 1
er plan à gauche la prairie haute ; au 1
er plan à droite une partie de l'herbe a été fauchée (foin au sol devant le chevreuil), car pas mal de ligneux et de ronces ont poussé depuis l'année précédente ; entre le chevreuil et la haie une zone tondue irrégulièrement où des fleurs basses prospèrent ; le chevreuil se trouve sur la zone de "gazon" tondue plus fréquemment, invisible sous cet angle car trop basse...
Les zones non fauchées sont par endroit assez hautes, j'essaie de garder un peu de prairie haute pour l'hiver, bien qu'en cas de neige il n'y ait sans doute pas de grosse différence avec les tas de foin.

Sans fauche régulière il faut surveiller la pousse de la végétation pour éviter que des arbres ne montent.

Le
Bruant zizi Emberiza cirlus niche dans cette étroite haie entourée de prairie (mais avec bois proches), avec d'autres espèces, Merles, Rougegorge, etc.
Plus de 20 espèces de mammifères ont été observées :
Depuis longtemps je voulais installer des pièges photo pour déterminer quels mammifères visitent ces lieux...
Le Putois a enfin pu être photographié dès 2024 (marquages possibles les années précédentes), il est classé comme espèce vulnérable (VU).En plein travail de taille de la haie, j'ai trouvé un nid de Muscardin (Muscardinus avellanarius), une espèce menacée (VU) en Suisse - mais bien implantée à Genève et apparemment aussi dans ce coin avec des observations régulières...
Ici trouvé fin septembre 2022, avec 4 petits dedans ! Il est un peu plus gros que la photo le laisse apparaître. Je ne pensais pas qu'il soit encore plein, à cette période les oiseaux ne nichent plus, je l'ai pris dans ma main, réveillant les jeunes qui sont sortis en criant ! J'ai réussi à les remettre dedans tant bien que mal, et 5 minutes plus tard la mère était là, ventre plaqué contre le nid pour les allaiter, sans doute attirée par leurs cris stridents, mais vite calmés !
Début août 2024 en débroussaillant des ronces, je trouve un nid en boule à 60 cm du sol, probablement un nid d'hivernage de Muscardin ?

Comme il n'est pas fixé à la végétation j'ai un doute concernant la Souris ou Rat des moissons, mais il ne s'agit pas d'un nid de Mésange (Orite) à longue queue ni de Troglodyte à mon avis, espèces qui font aussi des nids en boule mais y ajoutent de la mousse...

Ci-dessus pour comparaison, un nid de Muscardin (pour l'élevage des jeunes), bien moins sophistiqué et placé un peu plus haut dans une haie... sur le nid précédant l'entrée est bien définie et la construction bien plus solide que sur celui-ci, tressée avec des tiges plates plus larges, l'intérieur semble fourré d'herbes plus fines, quant au milieu où il a été trouvé, il s'agit de ronciers en lisière/sous-bois en bordure de la prairie (il y a bien une mare à 10 mètres de là, mais minuscule, pas de vrais milieux humides).
Dans les 2 cas l'entrée est fermée, le rongeur écarte les herbes en entrant et sortant.
La Genette semble avoir laissé 2 crottiers et une dizaine de crottes isolées lors de 3 passages en décembre 2021, puis août 2022 et 2023.
La Fouine paraît réagir fortement à cette présence, "couvrant" ces marquages. En visitant un des crottiers j'ai même vu une Fouine qui m'a coupé le chemin, passant à quelques mètres de moi, en plein midi ! Je n'avais jamais vu ça...
Le Hérisson d'Europe (NT)
est aussi assez rare, 11 observations sur le terrain (au piège photo) en 3 ans, ainsi que la Taupe aveugle (NT)
avec 1 observation récente.
Le Loup est désormais observé régulièrement en périphérie du canton depuis 2022, au point que les populations de chamois des montagnes voisines sont décimées (des meutes entières de loups seront abattues en 2024 sur le Jura) et le chacal pourrait même s'être installé - mais rien non plus sur les caméras.
Au quotidien ce sont surtout les chevreuils qui pâturent sur ce terrain, avec les lièvres - ou les lapins beaucoup plus discrets.

Une chevrette et son faon.
La prairie abrite des lapins depuis le départ, mais leurs moeurs nocturnes les rendent difficiles à observer, et ils échappent encore aux pièges photo. Ces terriers ont été découverts par hasard en passant la motofaucheuse mi-juin 2022...

Quand je suis passé les terriers paraissaient bouchés, mais 20 minutes plus tard, après avoir rangé la machine et cherché le téléphone pour prendre une photo, ils étaient ouverts... Les trous sont ronds, l'angle de la photo les fait paraître plus étroits. À noter que le Lapin de garenne est considéré comme une espèce menacée (EN)
en Suisse ! C'est l'opposé dans d'autres pays... en février 2023 nouveau terrier, suite au défrichage d'une partie de la parcelle voisine... début mai j'entends un lapin "taper du pied".

La prairie est bien habitée, et malgré le nombre important de renards, fouines, blaireaux qui la traversent tous les jours, je trouve régulièrement des crottes de Lapin de garenne et des
caecotrophes fraîches, bien sûr la proximité de la SPA pourrait fournir de nouveaux spécimens domestiques régulièrement, mais je doute qu'ils survivent longtemps dans cet environnement. Comme pour la Genette, je trouve surtout ce genre de traces, et malgré plusieurs pièges photo, toujours aucune "preuve" en image après plusieurs années, seule une image trop floue d'un lapin ! Un vrai "rabbit-hole" ;-)

Début avril un jeune levreau ! Aucun rapport avec ces terriers donc, mais on dirait un lapin ! Apparemment il s'agit bien d'un jeune lièvre, à voir le bout des oreilles noir. Le Lièvre variable est classé comme "presque menacé" (NT)
sur la liste rouge Suisse. Il est souvent présent au quotidien sur cette prairie, peut-être en alternance avec le Lapin de garenne...

Ici un terrier de Renard roux sans doute, probablement utilisé quelques mois plus tôt au printemps, soit au moment où le levreau de la photo précédente gambadait à moins de 30 mètres de là !
. . .L'année suivante,
2018 a été si sèche, que la prairie a à peine poussé : j'ai fauché selon le même schéma, une moitié avec une fauche annuelle début juillet, l'autre moitié avec 2 fauches au printemps et début octobre, mais la différence est à peine perceptible, tant la sécheresse importante depuis le printemps a limité la croissance des végétaux. Le phénomène n'est pas vraiment local, il touche tout l'est de la France, une partie de la Suisse, le Rhin est à son niveau historique le plus bas... et fin octobre, toujours pas de grosses pluies en vues. Une roulotte avec des pigeons a été installée brièvement sur quelques centaines mètres le terrain a été tondu régulièrement pendant 1 mois 1/2.
Avec cette prairie maigre et 3 nichées de Torcol dans l'autre parcelle, je suis étonné qu'ils ne soient pas venu nicher ici, alors qu'il y avait eu des oeufs isolés il y a 2 ans, je vais donc essayer de les attirer en créant un biotope de pins dans une zone où pins et sapins divers sont mélangés, je vais essayer d'enlever les sapins qui sont entre les pins - tous ces arbres sont beaucoup trop proches de toute façon - car le Torcol serait moins associé aux sapins, mais plus aux vergers, feuillus ou pinèdes, avec la prairie dont il est question plus haut, qui a toujours eu de nombreuses fourmilières, j'espère encore augmenter le nombre de couples nicheurs. [édit. 2024, le Torcol ne semble plus nicher depuis quelques années, bien que je l'entends régulièrement et quelques nichoirs ont été vidés, je n'ai plus trouvé de ponte en 2022-2024]
2019 commence avec une vingtaine de moutons pressés de trouver un terrain pour mettre bas dès début mars, une bonne dizaine d'agneaux sont nés sur place, noir et blancs !

Assistance aux animaux, mais la prairie n'a pas encore eu le temps de pousser à cette période, et après 3 semaines seuls 4-5 moutons sont laissés sur la moitié de la parcelle, déjà surpâturée et piétinée, et au bout de 5 semaines les moutons sont partis vers d'autres pâtures... [5 ans plus tard avec la découverte des
Nemophora raddaella, je me souviens des mots d'une garde de la faune qui coopérait avec la propriétaire de ce troupeau, à propos de petits papillons favorisés par la présence des moutons, mais à priori ces derniers ne font pas partie du cycle de vie de cette espèce...]
Je voulais faucher cette zone, mais la présence de lièvres qui s'y abritent et de toutes ces fleurs et insectes associés me pousseraient plutôt à attendre.
2020 à nouveau un été très sec, fauche en juillet puis en septembre, avec une repousse très maigre cette fois bien qu'assez varié, seuls les bouquets de solidages invasifs forment des îlots plus verts et denses (j'ai réussi à enlever toutes les floraisons et graines de la parcelle).
2021 avec quelques jours très chauds fin mars-début avril, puis un printemps assez frais, digne des années 1970, certains des arbres qui étaient dans une période de floraison sensible sont complètement sinistrés, leur cycle mettra des semaines à se remettre en route, et les fruits seront presque absents (surtout un noyer). Tout cela suivi de jours très chauds ou orageux jusqu'à fin juin, puis variable, pas mal arrosé.
2022 débute avec pas mal de soleil, pas trop de précipitation même si des gelées nocturnes maintiennent la terre humide, puis après un début doux, le printemps voit une vague d'air arctique amener de la neige pour le 1
er avril, alors que la végétation commençait à bourgeonner et à fleurir :

Pommier en fleur. Jusque là les dégâts semblent limités, les mares ne sont d'ailleurs pas gelées, même si les tonneaux d'eau le sont, mais si le gel est trop intense les jours suivants, le même problème que l'année dernière se reproduira.

Jonquilles et autres fleurs au sol, 2 avril 2022. 20 ans après que mes parents aient aménagés ces "plate-bandes", elles fleurissent encore chaque année !

Le
Gobemouche noir Ficedula hypoleuca est surtout visible en automne, le passage au printemps en plumage nuptial est beaucoup plus rapide.
Niveau climatique, le déficit de précipitation mi-juin 2022 est très marqué, avec déjà des épisodes de grosses chaleur. Le niveau de la mare ombragée est déjà au moins 5 cm au-dessous du maximum, puis 12-15 cm fin juillet, et toujours pas de pluie prévue... je profite de l'aménagement d'un petit toit pour le mini container cabane de jardin, et utilise la cuve de récupération d'eau de pluie pour chercher de l'eau et faire remonter un peu le niveau !
L'hiver 2022-
2023 est plutôt doux, février très sec, puis frais jusqu'à la fin mai, sans la sécheresse qui marque des régions plus au sud, mais 2023 commence avec un 1
er janvier d'une grande douceur, papillons, romarin en fleur..
L'été 2023 a été à nouveau très sec, malgré quelques petites pluies à intervalles irréguliers.

La Chouette Hulotte est présente quotidiennement sur cette parcelle où elle passe la journée cachée dans les arbres, elle niche dans les environs ; ici un jeune blessé attiré par la fraîcheur de la mare en cette chaleur et sécheresse, comme de nombreux oiseaux qui se rafraichissent là.
Restant un peu sur ma faim concernant les oiseaux et les mammifères dont l'inventaire stagne désormais sérieusement, je découvre les possibilités de mon
nouvel équipement photo, presque du "macro", et m'intéresse de plus près aux insectes... Un autre monde.
Suite de l'nventaire naturaliste : insectes.
Mon effort se porte plutôt sur la conservation, l'aménagement de l'habitat, mais après les oiseaux et les mammifères, je me suis lancé dans une tentative d'identifier les espèces d'insectes présentes.N'étant pas spécialiste des insectes et ne pratiquant pas la capture ni la préparation et analyse des organes au microscope, l'identification s'est rapidement révélée très laborieuse... l'aide de sites spécialisés avec experts et intelligence artificielle/reconnaissance visuelle rend cependant possible l'identification d'une partie des photos, environ la moitié au niveau au niveau des espèces.Les photos prises sur le terrain sont cependant souvent de qualité médiocre ou moyenne, surtout en raison de mouvements rapides des insectes et du vent qui ne facilitent pas une bonne mise au point, et rendent le "stacking" souvent impossible. Seule une partie des espèces intéressantes sont publiables ici.
Nombreux
Amarillys, azurés et autres espèces de papillons de toute taille, dont des Machaons.

C'est une manne pour plusieurs
Gobemouches gris Muscicapa striata qui nichent dans la haie apparemment, se tiennent à l'affût dans les fruitiers, et chassent au-dessus de l'herbe !
Dans les fourrés les Fauvettes à tête noire, Merles, Rougegorges sont les plus nombreux, les Fauvettes grisettes et Hypolaïs dans les bosquets, les Bruants zizi, Pinsons et grives dans les bois proches, avec les mésanges qui volètent un peu partout...
Tous profitent aussi des zones ouvertes, car la prairie abrite tout un monde de petites bêtes, dont les oiseaux se nourrissent !
Quelques orthoptères :

Ci-dessus un Criquet de la Palène (Stenobothrus lineatus), pas le plus commun.
Criquet italien (
Calliptamus italicus ou similaire), celui-ci, observé début octobre 2023 était bien plus gros que les criquets habituels, comme le
Criquet des pâtures (Pseudochorthippus parallelus), sans doute le plus commun, le
Criquet duettiste (Chorthippus brunneus) - l'identification est difficile avec ces espèces, donc sans garantie ! Nombreuses sauterelles du groupe
Chortippus biguttulus, les
Gomphocère roux (Gomphocerippus rufus) sont aussi présents en grand nombre...

Phanéroptère méridional (
Phaneroptera nana). Le Phanéroptère Commun (
Phaneroptera falcata) est aussi présent, comme la Grande sauterelle verte (
Tettigonia viridissima), le
Conocéphale gracieux (Ruspolia nitidula), la Decticelle Bariolée (
Roeseliana roeselii), la Leptophye Ponctuée (
Leptophyes punctatissima).
. . .Pour la 1
ère fois sur ce terrain je vois un Orvet en soulevant des plaques de foin que j'avais oublié de ramasser... des compartiments sont visibles dans la terre sous la paille.
Nombreux "papillons de nuit" :

Pancalia leuwenhoekella, encore plus petit, et plus rare, mais observé à 7 occasions sur ce terrain en 2024 et 2025...
Pammene rhediella, 3 observations ici dont danses nuptiales, seulement 1 autre observation ailleurs en Suisse selon Gbif/iNat.
Ptycholoma lecheana, à peine plus grand.
Batia lambdella.

Plus commune, la Tordeuse de l'oeillet (
Olethreutes arcuella)...

Le Phycide incarnat (
Oncocera semirubella) parfois abondant...

Nombreuses espèces de Cambrus, ici le Crambus Tentaculé (
Ancylolomia tentaculella), aussi
Crambus lathoniellus, Agriphila geniculea, inquinatella, selasella, straminella.

Sphinx Pygmée (
Thyris fenestrella)...

Noctuelle Héliaque (
Panemeria tenebrata).
. . .
Comme en 2022, une Cigale grise s'est installée dans un arbre sur la parcelle voisine.

Elle chante l'après-midi quand il fait 30°C ou plus, à quelques mètres de haut dans l'arbre, je n'ai réussi à voir que les peaux desséchées quand elles muent.
Tous ces herbivores sont à la base de la chaîne alimentaire pour de petits prédateurs...

Argiope frelon
Argiope bruennichi, ici en train de dévorer un criquet... aussi une
Tarentule radiée (Hogna radiata).
Des enregistrements nocturnes sur ce terrain m'ont permis d'identifier plusieurs espèces de chauve-souris, dont : Noctule commune, Noctule de Leisler, Serotine, Pipistrelle de Kuhl, Pipistrelle soprane (ou pygmée), et...Molosse de Cestoni (
Tadarida teniotis) !

dont le nombre d'observations est en baisse, apparemment ces dernières années.
Retour sur le petit peuple des prairies...
Il y a une multitude d'insectes pollinisateurs en plus des abeilles domestiques :

Chrysotoxum vernale
Éristale des arbustes (
Eristalis arbustorum), mouche butineuse, les Éristales des fleurs, Semblables et Gluants sont aussi observées, aussi
Syrphe du groseiller (
Syrphus ribesii), Syrphe Élégant (
Epistrophe eligans),
Syrphus vitripennis,
Didea fasciata, ou encore
Syrphe porte-plume (
Sphaerophoria scripta) et Syrphe Ceinturé (
Episyrphus balteatus) plus communs, etc.

Bombyle hottentot (
Villa hottentotta).

Phasie à ailes épaisses (
Ectophasia crassipennis) à la silhouette amusante.

Communes, ces petites
Stomorhina lunata sont nectarivore, leur larve se nourrit d'oeufs de criquets.
Il y a aussi des abeilles sauvages, comme le Mégachile Coupe-Rose
(Megachile centuncularis) et l'Halicte de la Scabieuse
(Halictus scabiosae).
. . .Quelques coléoptères :

Abondance de Cétoines cuivrées (Protaetia metallica), ainsi que Petits Capricornes.
Pareil pour la Cétoine dorée (
Cetonia aurata), peut-être le gros scarabée dont parle C. G. Jung ;-).

Chrysomèle du millepertuis ou Chrysomèle perforée (
Chrysolina hyperici préc.
Chrysomela hyperici), de plus petite taille.

Ici un
Ovalisia festiva. Malgré son aspect reluisant de joyau - il me rappelle aussi ces chocolats de Noël emballés d'une feuille d'alu brillamment colorée - c'est un parasite qui détruit les thuyas ! Il y a d'ailleurs eu de gros dégâts dans le canton ces dernières années, particulièrement sur les haies trop taillées, fragilisées.

Plusieurs observations de
Coptocephala ! Sans doute
C. scopolina ou
rubicunda...

Un
Smaragdina salicina ?
Sphaeroderma testaceum...
Ces 3 dernières espèces font moins d'un centimètre de long !
. . .Quelques hyménoptères :

Sur la haie, un joli petit ichneumon orangé, apparemment Enicospilus repentinus, observé à nouveau en 2025.
En 2025, début mai, un nouvel ichneumon, peut-être
Ophion obscuratus.
Pour les spécialistes voir aussi un autre
ichneumon indéterminé au ventre gris avec taches noires, voir les détails sur le lien, aussi une observation de
Crytea erythraea dont l'hôte Herminie de la Garance (
Pechipogo plumigeralis) est aussi observé dans cette parcelle.

Epéole Croisé (
Epeolus cruciger), espèce de guêpe cleptoparasite des Collètes des Bruyères (
Colletes succinctus et autres collètes, abeilles sauvages qui nichent peut-être aussi au sol sur ce terrain, mais que je n'ai pas réussi à photographier correctement) : ses larves se font nourrir par les collètes.

Agélénie Charbonnière (
Auplopus carbonarius), qui parasite des araignées, les paralysant et les amenant dans son nid formé de cellules cylindriques maçonnées. À noter que celle-ci a été observée durant la construction de son nid dans un pierrier dès le jour suivant son installation ! Une semaine plus tard, elle est toujours présente, semble en "chasse"...
Certaines espèces étrangères sont présentes, comme l'Isodonte Mexicaine (
Isodontia mexicana), le Frelon asiatique (
Vespa velutina)...
. . .
Encore un insecte prédateur, la Mante religieuse (
Mantis religiosa).
...et bien d'autres !
La plupart des mélèzes de la région semblent avoir succombé, dont 2 ici ! Sécheresse, températures trop élevées ?
Fin de l'été 2023, qui s'est prolongé jusqu'à la mi-octobre ! Quelques papillons sont encore visibles après le 20 octobre :

... comme cette Mélitée des centaurées (
Melitaea phoebe).

Traquet pâtre, ou européen (Saxicola rubicola) encore une espèce résidente qui niche ici.
2024 commencera avec beaucoup de précipitations, les cumuls mensuels dépassent largement la moyenne, puis après un début doux, mai et juin seront frais, en dessous des moyennes saisonnières des dernières décennies (c'est l'inverse ailleurs en Europe, particulièrement en Grèce où l'excès de chaleur persiste pendant toute cette période !).
Juillet arrive avec plus de chaleur, toujours humide, et quelques "raretés", parfois des 1
ères pour Genève...
Adélidés relativement rares :

Ci-dessus un mâle de Nemophora raddaella, espèce qui avait apparemment disparu de la région depuis des décennies, et N. cupriacella.J'ai pu refaire des observations 4 jours plus tard, à nouveau des mâles, certains effectuant des danses nuptiales au-dessus de bouquets d'Érigéron annuel (pourtant introduits), ainsi que des femelles la semaine suivante.
N. raddaella n'avait été observée une seule fois en Suisse, en 1948, à l'époque dans le vallon de l'Allondon, puis en 2021 sur l'autre rive du Rhône.

Les antennes sont plus courtes chez la femelle, ici en train de pondre sur un capitule de Cardères, ou Cabaret aux oiseaux.
À noter qu'ayant publié ces observations sur iNaturalist, un expert
[1] est immédiatement venu visiter le site... Des femelles de
N. cupriacella ont aussi pu être observées pondant sur ces plantes...

Sur les Cabarets aux oiseaux, les 2 espèces ont le même comportement au moment de la ponte (selon mes brèves observations), elles restent d'abord perchées immobiles en travers d'une feuille ou tige, comme si elles attendaient quelque chose...

...puis grimpent le long de la tige vers le capitule.

... où elles pondent leurs oeufs.
Pas de mâles chez
Nemophora cupriacella, l'espèce se reproduirait par parthénogenèse, contrairement à
N. raddaella.
Mes efforts naturalistes ne seront pas restés vains pour la science ;-) et j'ai même le sentiment que mon travail de conservation y est pour quelque chose !
Toute aide pour préserver ces espèces et cette parcelle sera la bienvenue, voir contact ci-contre à droite, ou PP en bas de page ! Mes courriers aux "autorités" n'ont reçu aucune réponse à ce jour...D'autres adélidés sont aussi présents, plus communs, et plus précoces en saison (avril) :

Adèle cuivrée (
Cauchas rufimitrella...

Adèle verte, ou verdoyante (
Adela reaumurella)...

Des
Nematopogon adansoniella, présents en nombre sur la haie et dans les environs.

Et
Nematopogon swammerdamella, les 4 genres de cette famille sont représentés !

Coquille d'Or
Nemophora degeerella (ou
N. scopolii).
La petite
Adela violella est parfois très abondante quelques semaines plus tard, mais avant les
Nemophora cupriacella et
raddaella.
. . .
Ci-dessus
Nephrotoma cornicina, aussi
Nephrotoma flavescens,
Nephrotoma quadrifaria (les néphrotomes sont appelés "tigres" en anglais !),
Tipula fascipennis, espèces assez largement répandues en Europe de l'Ouest, mais avec apparemment peu d'observations en Suisse,
Epiphragma ocellare,
Tipula lunata, peut-être même
T. helvola. De nombreuses autres espèces de "cousins" (Tipuliae) plus abondantes, Tipule des prairies, Tipha du chou, Tipule Printanière (
Tipula vernalis), etc.
Quelques hémiptères :

Ici Phytocoris insignis ou varipes, encore une espèce difficile à repérer. Malgré ses longues pattes arrières, il s'agit d'un hétéroptère (punaises) et non pas d'un orthoptère (sauterelles).
Lygée Lynx (
Graptopeltus lynceus),
Liocoris tripustulatus.
D'autres punaises peu communes sont présentes, Spathocère Lobée (
Spathocera lobata), genre
Plagiognathus, dont
P. fulvipennis,
P. arbustorum (en augmentation en Suisse depuis 2020),
Eurygaster austriaca,
Harpocera thoracica,
Trigonotylus caelestialium,
Gonocère des Genévriers Gonocerus juniperi, et bien sûr beaucoup d'autres espèces plus familières.
3-4 semaines plus tard, encore un
Phytocoris, très similaire, peut-être à nouveau
P. insignis ! Décidément, une espèce si rare... cette prairie est vraiment bien fréquentée ;-)
. . .À l'inverse, une des plus grande espèce d'insecte de la région, le
Grand Capricorne (Cerambyx cerdo) est aussi observée, notamment fin juillet en train de dévorer avidement des pruneaux gâtés tombés au sol...

Des espèces de mouches moins communes, comme cette
Dinera grisescens, dont la larve parasite les scarabées, ou encore
Cistogaster globosa (larve parasitoïde des punaises genre
Aelia, par exemple
A. acuminata),
Clairvillia biguttata (larve dans
Coriomeris denticulatus, punaise observée sur cette prairie au mois de mai 2024),
Solieria pacifica (larve parasite des chenilles de papillons
Celypha rurestrana, Aglais urticae ou Petite Tortue, aussi présent), aussi
Urophora stylata sur chardon Cistium,
Athalia ancilla (encore une 1
ère Suisse ? non, comme par miracle 2 spécimens de 1922 apparaissent sur Gbif après cette observation !), peut-être aussi
Helina impuncta,
Herina nigrina,
Campiglossa bidentis,
Phthiria minuta,
Empis impennis...
Toutes ces bestioles sont des nouveautés pour moi, certaines semblent rares en Suisse, et j'hésite un peu à débroussailler comme je le fais généralement avant la fin de l'été, mais je suis bien obligé d'étaler les travaux, car il ne m'est pas toujours possible de tout faire en hiver, avec mes moyens limités j'en ai pour des semaines de travail, et la météo ou les disponibilités ne sont pas toujours favorables...
Après une année d'inventaire "insectes" je comprends que ce travail ne sera jamais fini, la liste s'allongera juste avec le temps et l'effort fourni, de plus certaines espèces ne sont pas identifiables de façon certaine sur photo, pire encore, les experts ne sont pas tous d'accord sur les critères d'identification de certaines espèces, parfois rares...
Ptérophores :

Nouvelles observations de Crombrugghia tristis les années suivantes, un peu plus présentables (voir la photo ventrale pour les critères d'identification). Les plantes hôtes sont des Astéracées : Épervière embrassante, Piloselles, etc.
D'autres Ptérophores sont présents, comme le Ptérophore Blanc (
Pterophorus pentadactyla) ci-dessus,
Stenoptilia zophodactylus, ainsi que Ptérophore Commun (
Emmelina monodactyla), etc.
. . .Conclusion (provisoire) :
avec une jolie liste d'insectes rares ou pas encore observés en Suisse - dans les 5 ordres principaux, Coléoptères, Diptères, Hémiptères, Hyménoptères et Lépidoptères, et cela sans battage ni piège lumineux ! pour moi le bilan est exceptionnel !Reste à approfondir l'inventaire au niveau botanique, pour l'instant quelques dizaines d'espèces, rien de spécial à noter, quelques Ophrys abeille, pas mal d'espèces d'origine étrangère bien implantées, une bonne partie des observations ont eu lieu sur ces bouquets, mais peu sur les solidagos très invasifs... Début d'automne 2024 frais et pluvieux, 1
ères neiges en montagne fin septembre, puis plus doux...
Une Martre s'est installée dans le coin, d'habitude je les observais seulement quelques jours par mois, ce qui suggérait des déplacements sur des territoires plus importants, mais pendant quelques mois ce sera des observations presque quotidiennes, voire plus, y compris une prédation de Lièvre.
À la mi-octobre, visite du Putois (
Mustela putorius) dans un bosquet de la parcelle, je soupçonnais des passages occasionnels depuis pas mal de temps, cette confirmation est une bonne surprise !
Fin décembre 1
ers gels nocturnes et 1
ère neige qui tient au sol... pas pour longtemps.
2025, mi-février, excellente surprise ! Encore une visite du Putois, cette fois de l'autre côté du même bosquet... une chance d'avoir une photo si près du piège, alors que ce dernier n'est pas placé sur une coulée. L'espèce est plus associée aux zones humides, mais ce genre d'habitat avec bois ou bosquets et prairie fait partie des milieux fréquentés, je ne sais pas pourquoi il est tellement rare
[2] comparé à la Martre et à la Fouine sur cette zone.
Au moins 3 Empididés bien distincts,
Empis livide Empis livida,
Empis Marqueté (Empis tessellata), et
Empis ciliata, mais le nombre élevé d'espèces dans ce groupe rend apparemment l'identification difficile.
Quelques libellules :

Cordulie Bronzée (Cordulia aenea), une jolie libellule cuivrée, déjà observée dès mi-avril, mais moins commune que les Sympétrums de fin de saison.
Sympétrum strié (
Sympetrum striolatum), à l'affût sur de hautes tiges.

Libellule Fauve (
Libellula fulva), ici aussi à l'affût, 2 femelles observées à 1-2 mètres l'une de l'autre. L'espèce est décrite comme associée aux cours d'eau, ce qui n'est pas le cas ici, peut-être les quelques mares pas trop éloignées suffisent elles ?
L'Aeschne bleue vient pondre dans la mare et est régulièrement observée sur cette parcelle, tout comme l'Anax empereur (
Anax imperator). Parfois aussi la Libellule à Quatre Taches (
Libellula quadrimaculata), Libellule Déprimée (
Libellula depressa). Aussi des "demoiselles", comme le Leste Vert (
Chalcolestes viridis), Brunette Hivernale (
Sympecma fusca), Pennipatte Bleuâtre (
Platycnemis pennipes) et Agrion Jouvencelle (
Coenagrion puella) plus réguliers et plus discrets vu leur petite taille.
. . .En Suisse 98% des prairies de fauche extensives de basse altitude ont disparu depuis 1900 !
N'hésitez pas à partager vos réflexions et expériences, ou à me contacter si vous avez besoin d'aide en ce domaine, voire même à soutenir cet effort de conservation !