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Ornithologie - AVES - Oiseaux

Pie-grièche de Sao Tomé

Passeriformes > Laniidae >

Lanius newtoni

    Bocage, 1891
Newton's Fiscal (en) ;Sao Toméwürger (de) ;Fiscal di Newton (it) ;Alcaudón de Santo Tomé (es)
Note : aussi Sao Tome Fiscal (en), São-Tomé-Würger (de).
Description : Les jeunes oiseaux présentent un plumage moins contrasté. Mi-janvier, on a observé un juvénile au plumage typiquement barré des jeunes Lanius : dessus brun barré finement, gorge unie d'un fauve jaunâtre, dessous à dessin écailleux brun sur fond fauve jaunâtre de la poitrine, ventre paraissant uni, bec brun corne. Fin août, un immature présentait un plan de coloration intermédiaire : le plumage au dessus brun montre le même pattern que l'adulte, d'un brun assez clair, légèrement plus gris sur la tête. Un fin sourcil blanchâtre à fauve est bien visible au-dessus de l'oeil, ne se prolongeant pas beaucoup en arrière de l'oeil. Le gros oeil noir contraste bien dans la teinte brune de la face, de manière plus apparente que chez l'adulte, du fait de la face noire de celui-ci. Le petit bec noir ne donne pas l'aspect dur de certains Lanius. Deux à trois lignes de petits points fauves sur les couvertures, au moins sur les moyennes et grandes couvertures, sont bien visibles et rejoignent sur le milieu de l'aile, en bordure du dos, la bande alaire - formée par les scapulaires - visible chez l'adulte, de teinte fauve dans le plumage immature. La queue est brun foncé, longue, sans marque claire nettement visible. Les pattes semblent grises ou gris rosé. Tout le dessous du corps est d'une belle teinte fauve caramel à fauve orangé pâle. Dans l'ensemble, le dessus brun contraste avec le dessous roux très pâle et le sourcil clair.

Chants : Cet oiseau peut être repéré, dans son habitat, par la seule observation visuelle, mais également par son chant ou ses appels très caractéristiques. La pie-grièche émet des séries de notes flûtées, portant loin, et assez facilement imitables, ce qui permet de faire approcher de l'observateur l'oiseau chanteur ou le couple. On les a observées régulièrement dans ces conditions en imitant leur chant. Ce chant peut comprendre une dizaine ou plus de notes bien scandées, portant loin : tiûh, tiûh, tiûh, tiûh, tiûh, tiûh, tiûh, tiûh, .... Le chant semble déformé par la distance, paraissant moins pur et moins musical de près. Le chant peut être le meilleur moyen de localiser cet oiseau, car son comportement est assez discret lorsqu'il chasse en sous-bois et il reste peu longtemps au même endroit ; il se tient à l'affût quelques secondes sur un poste de chasse, puis s'éloigne vers un autre poste de son territoire. Les chants correspondent à des démonstrations de proclamation territoriale ou servent à garder le contact entre les conjoints d'une paire. Les premières notes sont émises dès l'aube, avant six heures, en phrases courtes. Un 21 août, par exemple, dans le haut bassin de la rivière São Miguel, les chants entendus dans la matinée comprenaient des séries de 18, 10, 8, 6, 5, 11, 82 et 10 notes sifflées. Le chant ne reprit qu'en fin d'après-midi, à 16 h 20, en une unique série de 19 notes. Le lendemain, la 1ère série de chant est émise avant 6 heures (six notes), suivie d'une série de trois notes, puis à 7 h 15 (73 notes) et à 9 heures (30 notes). Exceptionnellement, on a entendu une série ininterrompue de 250 notes. En janvier, sur le Formoso Pequeno, une série de chants est entendue à 17 h 15, puis le lendemain matin, à l'aube, à 5 h 45, en série courte de 17 notes. C'est donc surtout en début de matinée et en fin de soirée qu'on aura le plus de chances d'entendre les chants sifflés de cet oiseau. Il existe un autre chant très rythmé, en longues séries rapides, très scandées, de plusieurs dizaines de notes, rapprochées, métalliques : tsink-tsink-tsink-tsink-tsink-tsink-tsink ... Ce chant peut être émis en réaction à un enregistrement ou à l'imitation et paraît être une marque d'inquiétude ou de conflit territorial. Il peut être immédiatement suivi du chant sifflé. Enfin, un cri d'alerte ou de conflit est un kchè-kchè-kchè-kchè-kchè-kchè ... émis par les deux partenaires d'un couple. Les jeunes oiseaux possèdent des formes de cris proches de celles des adultes, mais plus nasillards et moins assurés : tieu tieu tieu, en 3-4 notes (= tuwèh tuwèh tuwèh ... nasillard en séries courtes) et la même série des cris rapides tsieuk tsieuk tsieuk tsieuk tsieuk, sur un rythme également rapide, mais en phrases plus courtes. Les chants ont été entendus début janvier, fin août et fin décembre.

Bien que les vocalisations de la pie-grièche permettent de localiser cet oiseau au comportement assez discret, l'observation et l'identification de celui-ci sont aisées : c'est un oiseau peu farouche qui perche sur des postes de chasse à découvert et aucun autre oiseau forestier de São Tomé ne présente un tel contraste entre le dessus noir et le dessous clair. Les adultes sont des oiseaux très bicolores : le dessus de la tête, y compris la zone oculaire, le dessus du cou et le dessus du corps (dos et ailes) sont noirs, à l'exception d'une bande blanche le long de l'aile, formée par l'extrémité blanche des scapulaires. Le croupion est également noir. Dans la nature, la queue paraît le plus souvent entièrement noire et très fine, les rectrices externes étant plus courtes que les rectrices centrales. Les rectrices centrales sont entièrement noires, les rectrices externes sont bordées de blanc sur leur partie externe, les autres rectrices seulement marquées de blanc à leur extrémité sur leur bord externe. Le dessous du corps teinté d'un jaune pâle n'a pas d'équivalent chez les pies-grièches africaines du genre Lanius. Cette teinte jaune pâle est plus soutenue chez certains individus, peut-être selon l'état du plumage (frais ou usé), mais la gorge est généralement plus claire que le reste du dessous.

L'attitude de l'oiseau à l'affût n'est pas toujours - probablement à cause de la nature de son habitat - la posture verticale typique des pies-grièches de savane : les pies-grièches de São Tomé adoptent souvent une attitude horizontale, penchant la tête vers le sol. Perché, l'oiseau oscille lentement la queue, avec des mouvements de faible amplitude. Le vol de chasse est souple et aisé, l'oiseau plongeant vers le sol pour capturer une proie. Les pies-grièches sont généralement silencieuses dans leurs déplacements, mais les partenaires du couple restent en contact par des cris. Un couple d'oiseaux se nourrissant se déplace régulièrement, plus que les oiseaux de savane, et parcourt son territoire, d'affût en affût. Passant d'un poste de chasse à un autre, le vol battu et rapide paraît assez faible.

Répartition : Île São Tomé redécouvert en 1990 après 50 années d'absence.

Habitat : L'habitat de la pie-grièche de São Tomé comprend principalement les forêts à canopée fermée et à sous-bois clair dont le sol est recouvert de blocs rocheux et de gros cailloux. Il y a généralement peu de végétation au sol ou en sous-bois. Les oiseaux perchent à l'affût en évidence sur des branches dégagées d'arbrisseaux, à faible hauteur, entre trois et cinq mètres, et capturent, au terme d'un vol court, des insectes à terre ou à la base de grands arbres. On les a observés sur le pourtour de trouées naturelles causées par la chute d'un grand arbre, se postant à plus faible hauteur, sur les branches de l'arbre tombé, au-dessus d'enchevêtrements de branchages morts, et scrutant vers le sol. Une fois l'insecte saisi au sol, l'oiseau rejoint son perchoir pour le déchiqueter et le manger. À terre, ils peuvent sauter de rocher en rocher, ou sur des troncs d'arbres tombés recouverts de mousse, pour poursuivre un insecte qui s'échappe. Dans le sous-bois plus fermé, densément planté de fougères arborescentes, sur la crête séparant les vallées de Xufexufe et de Quija, ces oiseaux ont été observés alors qu'ils inspectaient des amas de lichens et de mousses couvrant les branches.

La présence de cet oiseau à São Tomé pose d'intéressantes questions biogéographiques. D'une part, parce que les pies-grièches du genre Lanius sont en Afrique peu enclines à la dispersion insulaire : il n'y a pas de représentant du genre à Bioko, ni dans les îles de l'océan Indien. D'autre part, parce que ce genre comprend presqu'exclusivement des oiseaux des milieux ouverts, savanes ou steppes boisées, alors que l'espèce endémique à São Tomé a évolué en espèce typiquement forestière. Issue probablement d'un ancêtre commun à la pie-grièche fiscale Lanius collaris de toutes les savanes tropicales africaines, il est remarquable de constater combien la pie-grièche de São Tomé s'est adaptée au milieu forestier, pourtant peu favorable, à première vue, au comportement de cet oiseau qui chasse, à partir d'un affût, vers le sol. Aucune autre espèce de pie-grièche, en Afrique, n'occupe un tel habitat et l'unique autre espèce forestière, la pie-grièche de Mackinnon Lanius mackinnoni, répandue en Afrique centrale, est nettement plus un oiseau de lisière qu'une espèce vivant à l'intérieur de la forêt équatoriale. Celle-ci, à l'origine, devait vivre sur toute la périphérie du massif forestier et n'a pénétré celui-ci qu'à la faveur des défrichements faits par l'homme. On peut le constater au Gabon où la pie-grièche de Mackinnon ne s'éloigne guère des villages et des plantations en milieu forestier, alors qu'elle n'occupe ni les grandes étendues de savanes naturelles du sud du pays, ni l'intérieur non perturbé du massif forestier.

La pie-grièche de São Tomé a longtemps été réputée rare. Elle vit probablement à faible densité, sans doute parce qu'elle nécessite des territoires de chasse assez grands. Collectée au dix-neuvième siècle et au début du vingtième siècle surtout dans le sud-ouest de l'île, il existait cependant, à cette période, un exemplaire provenant de la région d'Angolares, au sud-est, puis un autre spécimen collecté par Correia, le 29 mai 1928, dans le bassin du rio Io Grande. Les forêts du sud-ouest de São Tomé, particulièrement les vallées des rivières São Miguel, Xufexufe et Quija, et les crêtes les reliant, restent les meilleurs sites pour observer la pie-grièche de São Tomé. Mais elle a été trouvée sur le Formoso Pequeno, à quelques heures de marche de Bombaím, dans le nord-est du massif forestier primaire. Il est donc probable qu'elle survit dans l'ensemble de ce massif, depuis la côte occidentale jusqu'à ses limites orientales, où elle se heurte aux zones cultivées du bassin du Io Grande. Comme la nasique de Bocage, elle est inconnue des forêts de montagne du pic de São Tomé, et il existe nettement une barrière altitudinale (environ mille mètres) qu'elle ne peut franchir. Sur les versants nord et nord-ouest du massif montagneux qui présentent encore quelques belles forêts primaires, elle n'a pas été rencontrée. L'altitude supérieure où nous l'avons observée est autour de 600 mètres sur la crête séparant les vallées de Quija et de Xufexufe et de 700 mètres sur le Formoso Pequeno, mais on nous a rapporté l'observation de cet oiseau dans une vallée proche d'Estação Sousa, à la limite des forêts de plaine et des forêts de montagne. On peut conclure que tout le massif forestier primaire situé au sud et sud-est du pic de São Tomé représenterait son aire de répartition, et que la rivière Quija, au sud-ouest, serait la limite sud de celle-ci. Vers le sud-est, la limite n'est pas actuellement connue.

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Région :

Statut :
  
Danger critique, population en baisse :

Images :
  
Images web : Lanius newtoni | Pie-grièche de Sao Tomé

Chants :
  
Sons web xeno-canto :












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