- Mesures pour propriétaires de chats
- Mesures de protection au jardin
- Espèces touchées
- Zones concernées et territoires
- Bilan Pays-Bas
- Bilan Grande-Bretagne
- Bilan Etats-Unis
- Bilan Suisse
- Bilan Nouvelle-Zélande
- Bilan Australie
- Bilan mondial
- Chats errants vs chats domestiques
- Ecologie et développement durable
Feral cats blamed for deaths of 65 Cory’s Shearwaters on the Canary Islands https://t.co/WJDeb6N5eh
— RareBirdAlertUK (@RareBirdAlertUK) November 19, 2021
- des millions d'oiseaux et autres êtres vivants sont tués chaque année
- risque de contracter des maladies, parasites, de se faire écraser par des véhicules ou attaquer par d'autres animaux
- abattage légal par les gardes-chasses dans de nombreuses régions, sans parler des chasseurs pour qui ils sont une nuisance car ils peuvent détruire le petit-gibier (49% des proies tuées par les chats domestiques seraient abandonnées sur place [1] selon une étude menée grâce à des micro-caméras fixées sur des chats !).
Mesures pour propriétaires de chats
- La seule mesure 100 % efficace est de ne pas laisser sortir votre minet ! Pour les oiseaux, ne laisser pas sortir votre chat entre 1h avant l'aube et 1h après le coucher du soleil. La période hivernale est moins dangereuse pour les oiseaux, moins nombreux et qui ne nichent pas. Le printemps est à éviter absolument. L'été est la période où les jeunes oiseaux découvrent le monde et sont des proies faciles.
- Mieux nourrir votre chat ne sert à rien. Une expérience menée sur six chats montre que même au milieu d'un bon repas de leur met favori, l'apparition d'un rongeur à proximité provoque un réflexe de chasse immédiat. Ce n'est qu'après la capture que le chat revient à son repas.
- Clochettes : un collier avec une clochette n'est pas forcément efficace, soit les clochettes sont trop peu bruyantes, soit les proies n'associent pas le son à un danger immédiat. L'efficacité ne dépasserait pas 10 ou 20 % au mieux selon certaines études, 40% selon une autre source. Cela reste un des seuls moyens disponibles jusqu'à aujourd'hui. Préférer les cloches ouvertes aux petites clochettes sphériques. Essayez de fixer 2 clochettes si une seule n'est pas efficace.
- N'abandonnez sous aucun prétexte votre chat dans la nature. Confiez-le à un refuge, à une société ou une personne qui s'en chargera, limitant ainsi les risques pour lui et pour la faune sauvage.
- Ne nourrissez pas les chats errants, cela entretient des populations importantes qui se reproduisent si la nourriture est abondante et formeront des colonies qui causent des dégâts toujours plus importants.
- Pensez à faire castrer ou stériliser votre chat, cela vous évitera de vous retrouver avec un nombre important de minets à caser ! Sans parler des problèmes d'hygiène à l'intérieur.
- Quelques nouveaux systèmes sont désormais disponibles, donnez-nous votre avis si vous avez pu en utiliser !
Mesures de protection au jardin
- Eliminez ou débroussaillez les coins où les chats peuvent se cacher, surtout à proximité de bains ou de mangeoires pour oiseaux : nettoyez les pieds des haies et buissons, éliminez les plantes qui recouvrent le sol et les branches que les chats peuvent utiliser pour se rapprocher des oiseaux.
- Fournir aux oiseaux de nombreux perchoirs de surveillance à partir desquels ils ont une bonne vue sur les environs, particulièrement à proximité de bains et lieux de nourrissages bas. Dénuder quelques branches basses de petits arbres.
- En cas de problèmes persistants utilisez du grillage plastifié vert de 5 x 7,5 cm de maille environ et 60 cm de haut pour créer un obstacle entre les emplacements où les oiseaux s'ébattent et ceux où les chats se cachent. Même si il est toujours possible de contourner ou de sauter par dessus la barrière, cela ralentira les attaques directes. Autre alternative : une mini-clôture électrifiée à 20 cm du sol rendra les matous méfiants.
- Placez les nichoirs hors de portée des chats, suspendez-les à une branche ou à une façade à une hauteur minimale de 1,5 mètre, confectionnez un manchon de protection en tôle, en fil de fer ou en plastique autour du tronc d'arbre, toit lisse et très incliné pour diminuer la prise.
Espèces touchées
- Petits mammifères, reptiles, batraciens, insectes, oiseaux, la proportion varie évidemment selon la région et les milieux. Pour les oiseaux le risque concerne surtout :
- oiseaux de taille petite à moyenne
- ceux nichant au sol et à faible hauteur dans les buissons et les arbres (mais certains chats peuvent grimper sur des troncs verticaux) ; les poussins et les jeunes n'ont aucune chance de s'échapper
- les espèces rares qui n'ont que des territoires réduits pour se reproduire (répartition géographique limitée, îles, avec 33 espèces insulaires disparues à cause des chats [2], colonies d'oiseaux de mer, etc).
- les espèces forestières peuvent localement être avantagées par la présence de chats pendant la nidification, en raison de la destruction de petits mammifères qui détruisent les nids comme les rats et les écureuils, mais même dans ce cas, le bilan reste globalement négatif sur la population d'oiseaux locale
Zones concernées et territoires
Les chats domestiques comme les chats errants fréquentent toutes sortes de milieux, forêts, zones humides, côtes marines et îles, zones arides, etc. Le territoire qu'ils occupent varie en taille selon la richesse du milieu, plus grand si la zone est pauvre, plus faible en forêt. On note apparemment une grande différence entre les chats domestiques et les chats errants pour la taille du territoire de chasse : les chats errants occupant logiquement une zone bien plus importante.
- Chats domestiques : une étude américaine sur des chats attachés à des exploitations liées à l'élevage, surtout en milieux de prairies montre des territoires allant de moins de 1 hectare à plus de 10 ha [3]. On imagine que ces territoires peuvent être encore plus important pour des milieux moins riches.
- Chats errants : une étude dans différents pays et milieux donne des chiffres bien plus importants pour les chats errants, avec des territoires allant de 1,16 km2 jusqu'à 23,24 km2 [4] !
Bilan Pays-Bas
Le chat exercerait une plus grande influence sur la vie sauvage que le Renard. Les 2,7 millions de chats que compte le pays causeraient la mort de 90 millions de proies tuées en cinq mois. Un tiers de ce total - soit 30 millions - sont des oiseaux (petits rongeurs 50% et pour le reste lapins, grenouilles, insectes, etc).
Bilan Grande-Bretagne
Le RSPB (société royale pour la protection des oiseaux) estime qu'il y a autour de 9'000'000 de chats dans ce pays et qu'ils tuent dans la région 275'000'000 petits animaux tous les ans. Ce chiffre de 275 millions inclut 55 millions d'oiseaux tués par an. Cela représente seulement 30 mises à mort par chat par an. Bien des propriétaires de chat témoigneront, leur minou peut capturer deux ou trois proies par jour si c'est un bon chasseur. Ces nombres sont étonnants ! Il est déja difficile d'imaginer ou de visualiser ce que représente le chiffre d'un million. La population humaine totale de Grande-Bretagne est de moins de 60 millions mais les chats parviennent à tuer presque autant d'oiseaux dans ce pays chaque année.
Bilan Etats-Unis
Il y aurait environ 66 millions de chats domestiques aux Etats-Unis, dont 40 millions libres de sortir de la maison de leur propriétaire. Des études tendent à montrer que 60 à 70 % des proies tuées sont des petits mammifères, 20 à 30 % des oiseaux et 10 % des amphibiens, reptiles, et insectes.L'Université du Wisconsin a ainsi estimé le nombre de chats libres de sortir dans les régions rurales, le nombre de proies par chats et la proportion d'oiseaux, et a obtenu un total allant de 7,8 à 217 millions d'oiseaux tués chaque année dans le seul état du Wisconsin.Pour l'ensemble du territoire des Etats-Unis, le consensus s'établit autour de 500 millions d'oiseaux tués par an, pour les chats domestiques.Pour les 25 à 100 millions de chats errants, on atteindrait des chiffres allant de 1,4 à 3,7 milliards d'oiseaux [5] par an !
Bilan Suisse
Il y aurait environ 1,5 million de chats en Suisse, avec en moyenne 50 à 60 individus par kilomètre carré dans les régions de plaine. Le pays n'accueille que peu d'espèces rares, mais les chats errants peuvent détruire complètement les nichées d'oiseaux comme les alouettes ou les perdrix, qui nichent au sol.En se basant sur les chiffres des études réalisées dans d'autres pays, le nombre d'oiseaux tués par les chats en Suisse serait d'au moins 3-4 millions par année.
Bilan Nouvelle-Zélande
Les chats féraux sont présents sur la Grande Ile en Nouvelle-Zélande depuis les années 1830, et ont depuis provoqué la destruction de colonies locales qui ne sont présentes nulle part ailleurs.L'isolation de la Nouvelle-Zélande a permis des adaptations spécialisées de la faune et de la flore.Sans prédateurs, plusieurs des 250 espèces d'oiseaux sont devenues aptères ou se sont spécialisées dans la recherche de nourriture au sol, et sont devenues des proies faciles pour les mammifères lorsqu'ils ont été introduits.Arrivés en Nouvelle-Zélande grâce à la colonisation européenne, les chats ont causé l'extinction d'une quantité d'espèce d'oiseaux indigènes.Du Xénique de Stephens dans les années 1800 au Créadion rounoir, en passant par le Miro mésange, le Tui, la Perruche de Sparmann sur l'île Cuvier au large de Coromandel, et au moins 2 espèces d'oiseaux de mer sur l'île Mangere dans l'archipel des Chathams, les chats féraux ont été responsables de la perte de nombreux oiseaux unique à la Nouvelle-Zélande.Les chats ont aussi détruit une part importante des populations du rare Kakapo, de l'Echasse noire, du Kiwi et du Méliphage hihi.
Bilan Australie
La décision en 2015 d'abattre 2 millions de chats à fait beaucoup de bruit. Comme ailleurs la menace sur la faune sauvage doit être bien réelle pour en arriver à une telle décision, mais pour l'Australie le problème serait plutôt les chats errants : une estimation de 12 millions de chats errants se nourriraient d'une centaines d'espèces d'oiseaux, 50 de mammifères, 50 de reptiles, et bien d'autres petits animaux, [6]. Ils constituent une menace pour 35 espèces d'oiseaux, 36 de mammifères et 7 de reptiles [7]. Le bilan total serait d'environ 27 milliards de proies, [8] petits animaux inclus ! En 2017, une nouvelle publication estime le bilan à 377 millions d'oiseaux par année, soit 272 millions par les chats errants, et 61 millions par les chats domestiques [9].Par opposition à d'autres pays comme le Royaume-Uni, les 2,7 millions de chats domestiques auraient donc un impact moins important que les chats errants, et leurs propriétaires seraient plus conscients du danger de les laisser sortir [10]
Bilan mondial
D'après les exemples ci-dessus, une estimation globale laisse entrevoir un bilan annuel dépassant certainement le milliard d'oiseaux victimes de chats domestiques, dont une partie concerne des espèces plus rares et menacées que les mésanges, merles, rouge-gorges et autres troglodytes de nos jardins, ou le petit gibier de nos campagnes.A noter que seulement une partie des proies seraient ramenées à la maison : 23%. Les propriétaires ne voient donc pas que leur chat tue 3 fois plus d'animaux que ce qu'il ramène à la maison ! 49% seraient abandonnées, et 28% consommées sur le site de capture, selon une étude [1].
Chats errants vs chats domestiques
Il est évident que la distinction entre ces 2 catégories n'est pas partout évidente, surtout dans les pays les plus urbanisés [11] et aux zones naturelles moins étendues, où en plus certaines personnes nourrissent les chats errants.Si dans certains pays ils représentent un danger bien plus important que les chats domestiques, comme en Australie, dans d'autres la situation est peut être inversée, mais globalement on peut estimer qu'ils ont sans doute une population et un bilan au moins aussi lourd sur la faune que les chats domestiques.
Ecologie et développement durable
La destruction et la modification des biotopes sont surtout provoquées par le développement humain ; des nuisances secondaires comme l'arrivée du chat ou du rat y sont associées. La densité de population de ces animaux est indépendante de tout équilibre naturel durable.Une loi fondamentale lie le nombre des proies à celui de leurs prédateurs, mais les chats domestiques eux, ne dépendent pas du tout de leurs prédations pour survivre, et si les populations de petits animaux baissent ou disparaissent, la population de chats proches d'habitations n'en ressent aucun contrecoup en raison des soins dont ils sont l'objet et de la nourriture qu'ils trouvent à proximité des hommes !A l'opposé, l'exemple du Chat sauvage - espèce distincte mais proche parent du chat domestique en vadrouille ou errant (haret) - démontre ces différences de façon évidente : le Chat sauvage est une espèce menacée malgré ses capacités de chasseur exceptionnelles. Cela s'explique par l'absence de gamelle quotidienne, pas de visite aux poubelles, besoin d'un territoire étendu et caractère farouche, qui le rendent dépendant d'un milieu naturel qui se réduit quotidiennement, et sans doute par des dérives génétiques causées par le croisement avec les chats domestiques/harets Felis catus × Felis silvestris (en partie fertiles).Pour les chats errants autonomes, la situation est potentiellement pire, car ils n'ont parfois pas ou peu de prédateurs naturels, car ils n'étaient pas "prévus" dans la chaîne alimentaire, et encore une fois leur population n'est pas régulée par le haut.Les perspectives ne sont donc guère positives, même si la prise de conscience des propriétaire est susceptible d'être favorisée à travers des campagnes médiatisées. Suite à des estimations très imprécises basées sur les opinions exprimées sur internet, les propriétaires de chats ont des positions très variables, une bonne partie ne se formalisent pas du tout de la prédation de leurs chats, trouvant même parfois cela "naturel". Dans cette optique, les campagnes de sensibilisation destinées à éviter de laisser les chats dehors devront mentionner clairement les risques (réels, au moins localement) que court le chat lui-même : tirs, maladies, prédateurs...

1. "KittyCam" Reveals High Levels of Wildlife Being Killed by Outdoor Cats
2. A global review of the impacts of invasive cats on island endangered vertebrates FELIX M. MEDINA, ELSA BONNAUD, ERICVIDAL, BERNIER.TERSHY, ERIKA S. ZAVALETA, C.JOSHDONLAN, BRADFORDS KEITT, MATTHIEU LE CORRE, SARAH V. HORWATH and MANUEL NOGALES
3. Free-Ranging Farm Cats : Home Range Size and Predation on a Livestock Unit In Northwest Georgia, S. E. Kitts-Morgan, K. C. Caires, L. A. Bohannon, E. I. Parsons, K. A. Hilburn
4. Feral cat home-range size varies predictably with landscape productivity and population density, A. J. Bengsen, D. Algar, G. Ballard, T. Buckmaster, S. Comer, P. J. S. Fleming, J. A. Friend, M. Johnston, H. McGregor, K. Moseby an dF. Zewe
5. The impact of free-ranging domestic cats on wildlife of the United States, Scott R. Loss, Tom Will & Peter P. Marra
6. Cats in Australia, Australian National Parks Service
7. Feral cats, Department of Sustainability, Environment, Water, Population and Communities
8. Stopping the slaughter : fighting back against feral cats, AWC, Summer 2012/13
9. How many birds are killed by cats in Australia ? J.C.Z. Woinarskia, B.P. Murphya, S.M. Leggeb, S.T. Garnetta, M.J. Lawesc S. Comerd, C.R. Dickmane, T.S. Dohertyf, G. Edwardsg, A. Nankivellh, D. Patoni, R. Palmerj, L.A. Woolleya
10. Reconciling actual and perceived rates of predation by domestic cats, Jennifer L. McDonald, Mairead Maclean, Matthew R. Evan, Dave J. Hodgson
11. Cats about town : is predation by free-ranging pet cats Felis catus likely to affect urban bird populations? PHILIP J. BAKER, SUSIE E. MOLONY, EMMA STONE, INNES C. CUTHILL and STEPHEN HARRIS