- Situation des colonies
- Mi-mai
- Juin
- Juillet
- Août
- Proies des Guêpiers
- Prédateurs
- Envol
- Comportement
Le
Guêpier d'Europe est un nicheur irrégulier dans la région. Historiquement, l'espèce était encore limitée au Sud de l'Europe il y a quelques décennies, sa 1
ère nidification officielle en Suisse datant de 1991
[1], mais son aire de répartition s'étend désormais au Nord jusqu'en Scandinavie, Pays baltes, et Royaume-Uni de façon plus irrégulière.
Le facteur limitant semble donc plutôt le manque de terrain approprié pour l'installation de la colonie, soit des talus ou falaises sablonneux, relativement tranquilles, avec des terrains ouverts servant de territoire de chasse pas trop éloignés. Ces falaises étaient autrefois très communes le long des cours d'eau en raison de l'érosion des rives, peut-être un peu moins aujourd'hui en raison des rives aménagées. Les sites observés sont le produit de l'exploitation de carrières. La taille des particules formant la falaise est aussi importante (20 à 66 micro-mètres selon certaines études
[2]).
Situation des colonies

Pour 2013-2014, on note 2 sites principaux, chacun avec plus de 10 oiseaux, et sans doute près d'une vingtaine de couples en 2014 dans le plus grand. Des Guêpiers se sont déja reproduits dans ce dernier site il y a 6-7 ans, des carrières offrant des possibilités de nicher, qui ont ensuite été comblées. Le site actuel est distant de 2-3 kilomètres seulement, et a aussi été fréquenté les années précédantes, mais apparemment pas de façon continue.
Les milieux environnants sont de type ouvert, relativement variés, offrant des surfaces de friches, des cultures diverses dont une partie de vignoble, ainsi que des fourrés et des surfaces boisées. Une très petite mare presque comblée se situe immédiatement à côté de la 1
ère colonie, une autre légèrement plus grande proche de la 2
ème, ainsi qu'un petit cours d'eau et autres surfaces d'eau à environ 1,5km.
A noter qu'un site est traversé par un sentier peu fréquenté, mais des amateurs de moto-cross (et quad) viennent encore régulièrement sur le tas de sable habité par la colonie de Guêpiers. Des traces de roues passent pratiquement sur certaines des galeries. Une troupe de scout a même établi son camp autour du site n°1, avec des tentes et installations à environ 5 mètres des cavités.
Un renard a été aperçu à plusieurs reprises sur le site en 2013, et une galerie de blaireau est habitée depuis 2012 au moins. En 2012, un cadavre de renard se trouvait sur le site même, et un blaireau mort quelques centaines de mètres plus loin, possiblement victimes d'empoisonnement. En 2014 la population de renards et blaireaux semble par contre a
voir presque disparu, il faut dire que ce site est à proximité de la France et que des chasseurs y sont actifs.
Le site n°1 est aussi intéressant par la présence de 2 espèces d'orchis, visibles à 100 mètres de la colonie environ.
2013 est marquée par un printemps très humide et frais, quelques jours presque caniculaires en juin. On note aussi un épisode de très forte grêle qui a du passer sur la colonie ou très près.
2014 est très contrastée, printemps frais mais juin très chaud et sec, juillet exceptionnellement pluvieux, et feu de brousse qui vient lécher la colonie n°1.
2015 voit un réaménagement complet de la zone, désormais "réserve naturelle de la Feuillée", avec nettoyage de toutes les broussailles, aménagement de mares, nombreux arbres supprimés, nouveau tas de sable quelques centaines de mètres plus loin. La saison est marquée par un mois de juillet débutant par une période de canicule, se prolongeant en une sécheresse de plus d'un mois.
Le site n°2 est beaucoup plus important, il s'agit d'une carrière en exploitation. On voit ici les principales cavités en 2014 :

Plusieurs dizaines de trous sont visibles. Tous ne sont pas occupés, la colonie datant de 2013 au moins, et les Hirondelles de rivage occupent la même falaise, les trous plus petits sont à peine visible sur l'agrandissement.
En 2015 toute la zone en arrière plan tout à droite de la photo est en train d'être comblée par des camions amenant des déchets de démolition, en pleine période de reproduction, en juillet ! Quelques autres cavités se trouvent à quelques dizaines ou centaines de mètres de cette falaise. En 2006 (?) des Guêpiers avaient aussi niché dans des fosses comblées depuis lors.
Mi-mai
Des oiseaux sont observés, les cavités sont visitées, et entretenues, mais la nidification semble prendre du retard pour une partie des couples, car certains sont visibles ensemble, mâle et femelle, à l'extérieur du nid, probable signe que toutes les pontes n'ont pas encore été effectuées.

Juin
2. juin : les premières éclosions ont apparemment eu lieu, les visites des parents, souvent tous 2 à l'extérieur sont beaucoup plus rapprochées.
- Un nid est visité de nombreuses fois, 12x en 3-4 heures, parfois les 2 parents se succèdent. restent quelques minutes à l'intérieur (1-11min.). Sans doute les premières éclosions.
- Les autres nids semblent moins visités, 2-4 visites sur la même période, laissant à penser que les oeufs ne sont pas encore éclôs.

Un petit nombre de Guêpiers est souvent visible à proximité de la colonie, soit volant et criant au-dessus ou à proximité, parfois à une altitude relativement élevée, soit perché à l'affût de proies. Fréquentes actions de chasse. Des appels sont émis très fréquemment. Un nombre plus important d'oiseaux est ponctuellement visible, probablement de retour de chasse sur des terrains un peu plus éloignés. Des arbres proches ainsi qu'un bosquet à quelques centaines de mètres sont fréquemment utilisé comme perchoir et poste d'affût, ou encore lors de dérangements.
Si l'on observe les cavités suffisamment longtemps, plusieurs semblent occupées, peut-être 6 ou 7.
Trois principaux comportements ont été notés à ce propos :
- Un oiseau sort parfois du trou dans lequel il se trouvait, sans doute depuis plus d'une heure, et s'envole, probablement pour se nourrir, avant de revenir, moins d'une heure plus tard. La cavité restant alors probablement inoccupée pendant cette absence.
- Des couples se relaient, l'oiseau qui était dans la galerie sortant souvent quand son partenaire est de retour et se fait entendre, perché ou volant près du nid.
- Un oiseau rentre brièvement dans la cavité, et en ressort peu de temps après, 20-30 secondes environ. Il pourrait s'agir d'un ravitaillement pour celui qui couve à l'intérieur.
Les importants délais entre les relais et visites et la présence d'oiseaux dans les cavités suggèrent que les couples sont en train de couver : les visites (possibles ravitaillements) semblent trop espacées (parfois plusieurs heures) pour suffire à nourrir des jeunes. La période paraît bien tardive si l'on compte encore 3 semaines au nid pour les jeunes, qui ne commenceront alors à voler qu'au mois d'août (les départs sont donnés pour août-octobre). La météo particulièrement mauvaise pourrait être une explication.

Juillet

Au plus fort du nourrissage, les parents peuvent apporter des proies plusieurs fois par minute, si ils parviennent à capturer un insecte proche, ils doivent alors attendre que l'autre adulte ressorte du nid. Ce n'est pas toujours le cas, et les zones de chasse peuvent aussi être plus éloignées de la colonie, des groupes d'oiseaux partant et revenant de manière assez groupée.
Il pourrait y a
voir jusqu'à 9-10 couples! Plus probablement 8 couples nicheurs sur ce site, avec un succès difficile à estimer, mais des nichées de plusieurs jeunes seront évidentes par la suite, pour plusieurs cas. Malgré ce nombre important, une vingtaine d'oiseaux semble probable au vu du nombre d'oiseaux nicheurs et non-nicheurs probables, il n'a jamais été possible d'observer plus d'une dizaine de Guêpiers simultanément sur le site (?).
Les premiers jeunes quittent le nid et reviennent parfois se percher à proximité de la cavité ou sur les arbres aux alentours et sont nourris par les adultes, qui alternent parfois les nourrissages extérieurs et intérieurs.
Les départs des jeunes hors du trou semblent se faire de manière directe, sans essais de vol préalables. Avant le grand saut, en attendant les nourrissages, ils peuvent passer des heures avec la tête hors du trou, à observer les alentours, les adultes en vol, ou les insectes proches.

Les nids régulièrement visités ont les traces des pattes formant deux "gouttières".

Août
6. août encore 3 nids sont visités, plusieurs dizaines de visites par trou pour la matinée.
12. août 2 nids, fréquentes visites
15. août il resterait peut-être un jeune dans un nid, visité une seule fois.
Désormais, la plus grande partie du groupe n'est plus visible à proximité de la colonie, soit chassant sur des zones éloignées, soit rayonnant de plus en plus loin. Durant cette période, des oiseaux sont observés vers Bernex, Cartigny, l'Allondon, sans que l'on puisse dire s'il s'agit de la colonie locale ou d'autres oiseaux en migration, auquel cas la majorité de la colonie serait sans doute aussi en route vers le Sud.

Résumé de l'activité de la colonie durant la saison 2013 (très approximatif, mon carnet de note ayant été subtilisé sur le site).
A noter qu'en 2015, tous les jeunes semblent a
voir quitté les nids au 31 juillet ! Les oiseaux sont absents de la colonie un bonne partie de la journée, seule 4 (une famille ?) sera visible en fin de journée. Peut-être la canicule aura accéléré le développement des jeunes en fournissant plus d'insectes ?
Proies des Guêpiers
Les Guêpiers semblent préférer les insectes de taille importante, chassés au vol, le type étant sans doute secondaire.
Hyménoptères (bourdons, abeilles, guêpes) :


Surtout de type bourdon de taille moyenne à forte, les guêpes et abeilles les plus communément observées par l'homme sont finalement très peu présentes dans le régime alimentaire de ces Guêpiers.
Odonates (libellules) :

Lépidoptères (papillons) :

Diptères (type mouches) :

Observation qui contredit certaines études sur d'autres sites
[3], sans doute les proies d'autres ordres étaient elles plus abondantes sur le site de l'étude.
Coléoptères plus rares, ici aussi petite différence avec l'étude menée en Toscane, qui place les Coléoptères en 2
ème position.
Aucun
Orthoptère (sauterelles, criquets) observé, manque de proies (début de saison froid et humide peu propice) ou carapaces trop épaisses ? J'ai pu
voir des photos d'autres sites avec des insectes de ce type tenus au bec.
Concernant les insectes les plus fréquemment capturés, une majorité des proies sont des Hyménoptères de type bourdon, peut-être la moitié du total, sans doute sont-ils les plus communs régionalement ?
Selon les jours et les heures, le type d'insecte dominant peut varier, en raison de facteurs divers, météo, comportement des proies ou encore choix des sites visités par les Guêpiers. En effet, la colonie ou des groupes de guêpiers, se rendent apparemment sur des terrains de chasse différents, parfois probablement à plusieurs kilomètres de distance, car la majorité des oiseaux est souvent hors de vue.
Bien que difficiles à réaliser, les photos en vol sont intéressantes, car lorsque l'élevage des jeunes bat son plein, les parents pénètrent souvent dans la cavité sans s'arrêter, et la proie n'est pas identifiable!
Prédateurs
Dès juillet, des rapaces sont observés quotidiennement sur le site, avec des attaques (dont un Epervier qui tente de saisir un Guêpier au sortir du nid), de fréquentes alarmes (en plus des cris, les Guêpiers présents prennent alors souvent de l'altitude tout en restant au-dessus de la colonie), et parfois des fuites précipitées à plus grande distance. Autour, Epervier et Pélerin ont tous été observés depuis le site, de même que d'autres rapaces moins dangereux, Hobereau, Milan noir, Buse, Bondrées en migration.
Fin août, la dernière cavité utilisée avait été élargie, par un renard probablement.
Envol
La plupart des jeunes quittent le nid de façon soudaine, la cavité dans une falaise ne leur laissant guère de possibilité pour entraîner leurs muscles au vol! Après de longues heures à observer les alentours et le vol des guêpiers adultes, ils quittent donc normalement le nid quand ils sont prêts à voler. Les adultes paraissent parfois essayer d'attirer les jeunes hors du nid, en volant et criant tout près du nid avec de la nourriture, mais ne s'y arrêtant pas, ils peuvent effectuer de nombreuses boucles de cette façon. Certains jeunes paraissent aussi vivement intéressé par les insectes qui passent près du nid, certainement une motivation importante quand les visites des parents se font trop attendre! Les jeunes qui se tiennent à l'entrée de la cavité parviennent parfois à capturer des insectes proches à coup de bec!
Certains jeunes semblent aussi parfois retourner dans la cavité après un premier envol.
Plus rare, des jeunes sans doute sortis trop rapidement, se traînent aux alentours sur le sol et essaient de se nourrir avec des insectes qui s'y trouvent, comme le jeune ci-dessous, apparemment encore incapable d'un vol puissant pour s'élever dans le ciel!

Comportement
Des observations moins habituelles sont aussi notées :
- Des "aides" semblent participer au nourrissage des jeunes, mais sans identification des individus, impossible d'avoir plus de précisions. Il s'agit apparemment d'oiseaux ne faisant pas partie du couple (jeunes de l'année précédente, "célibataires" ou autre?), mais qui offrent des proies aux nichées.

- Certains Guêpiers visitent différents trous occupés, proie au bec.
- Des Guêpiers ramenant une grosse proie volent longuement au-dessus de la colonie en criant, et se perchent parfois plusieurs minutes à proximité avant d'aller nourrir les jeunes ou de recommencer à tourner en criant (s'agit-il aussi d'individus non accouplés proposant leur aide? ou sont-ils juste "contents" d'avoir une bonne prise?)
- Un oiseau régurgite une petite boule allongée noire, sans doute une pelote de carapaces de chitine.
- Un couple (sexes?) ne semble pas encore fixé vers le 20 juin, visitant plusieurs trous, se faisant des offrandes. L'un des 2, apparemment le mâle? a le bec usé et se chamaille parfois avec un autre individu.
- Les Guêpiers semblent susciter l'intéret d'autres espèces (sans parler des rapaces!), les couleurs, les cris, les proies de grosse taille?
- Une jeune Grive suit à plusieurs reprises un des Guêpiers, sans pour autant l'attaquer directement, et vient se percher à proximité.
- Un Loriot jeune ou femelle se pose à moins d'un mètre d'un Guêpier, sans réaction visible de l'un ou de l'autre (2 juil.). Un jeune Loriot pourchasse un Guêpier sur une bonne distance, sans vraiment se montrer agressif.
- Des Hirondelles sont aussi observées à de fréquentes reprises en train de poursuivre des Guêpiers.