- Virologie sommaire
- Origine
- Propagation
- Etat des lieux - Zones concernées
- Risques pour la santé
- Animaux et personnes à risque
- Symptômes, signes extérieurs
- Précédents
- Mise en place de la psychose
- Perdants
- Gagnants
- Position d'ornithologues de terrain
- Quelques liens
Un peu fatigué par la psychose permanente qui a envahit le monde de l'actualité, voici un article un peu polémique. Le mystère reste dans l'oeuf.
Virologie sommaire
Le vecteur de la grippe aviaire est un virus simple brin négatif à 8 fragments, proche de celui de la grippe humaine Influenza A, nommé H5N1 et H5N2, de la famille des Orthomyxoviridae, rétrovirus d'une taille de 110 nanomètres à enveloppe, donc relativement fragile et sensible à la chaleur, à l'acidité et aux solvants des lipides.En laboratoire on peut isoler ce type de virus dans la cavité allantoïdienne de l'oeuf de poule embryonné et on décèle les antigènes viraux et en particulier l'hémagglutinine dans le liquide amniotique 3 à 4 jours après l'inoculation. Des cultures de cellules fibroblastiques de poulet permettent ensuite de le multiplier.La pénétration des virus de type A se produit au niveau des voies respiratoires, par l'hémagglutinine (glycoprotéine) virale grâce à deux polypeptides liés par un pont disulfure, HA1 pour la fixation spécifique aux récepteurs cellulaires, et HA2 qui permet la fusion de l'enveloppe avec la membrane de la cellule-hôte.
Origine
Deux aspects sont à considérer :
Propagation
Les explications varient selon les sources, certains penchant pour un transport du virus par les oiseaux migrateurs.Des scientifiques insistent sur la voie humaine et les transports d'animaux, le commerce d'oiseaux entre l'Asie et l'Afrique, l'Europe [1] pour plusieurs raisons :

Etat des lieux - Zones concernées
Pendant des années la fièvre du poulet ou grippe aviaire a été confinée et a fait des ravages en Asie, où de nombreux élevages d'oiseaux ont été contaminés, avec comme conséquences la destruction de milliers de poulets et canards et la mort de plusieurs dizaines de personnes au Vietnam et en Thaïlande.Après s'être étendue à l'Afrique du Sud (Autruches), à la Chine, avec des cas isolés en Arabie Séoudite et même en Italie (Dindes), elle toucherait désormais l'Europe : la Russie depuis l'été 2005. Des estimations datant d'août 2005 parlent de plus de 100'000 oiseaux détruits depuis l'apparition de la maladie.L'apparition de la maladie à l'Ouest de l'Oural provoque désormais un branle-bas de combat parmi les gouvernements européens qui ont établit des plans d'action d'urgence, appliqcables à la moindre alerte locale.Le 20 nov. 2005, plusieurs articles annoncent la découverte et la destruction de plus de 65'000 oies et canards au Canada (Chilliwack, Fraser Valley) [5], malgré une faible mortalité, H5N1 pas confirmé.Début février 2006, on annonce que des oiseaux, cygnes, canards sont trouvés en Europe, Sicile, France, Nord de l'Allemagne, etc. puis les premiers élevages.Si la possibilité d'un transport par des oiseaux sauvages aquatiques est confirmée, on peut être certain que l'Amérique du Nord est déja touchée depuis des mois ou des années, les populations asiatiques nichant sur les côtes de la mer de Béring étant très proche de celles d'Amérique du Nord, sans même parler des vents dominants d'Ouest sous les latitudes moyennes, qui déportent des centaines d'oiseaux chaque année.
Risques pour la santé
Le risque pour l'homme semble encore faible à ce jour, car cette maladie actuellement quasiment endémique dans les élevages de certaines régions d'Asie n'a fait qu'un nombre relativement limité de victimes humaines (comparé à d'autres épidémies bien moins étendues). C'est surtout la perspective d'une nouvelle forme du virus, suite à des mutations qui pourraient éventuellement se produire, doté de la capacité de se propager d'homme à homme, alliant un fort taux pathogène typique de l'Influenza et la virulence de quelques cas observés, qui inquiète certains.Un ou deux cas de transmission d'homme à homme, comme au Vietnam, sont encore discutés et dicutables.
Animaux et personnes à risque
Les plus touchés sont les poulets et les canards d'élevage, mais des dindes et aussi des autruches ont déja été victimes du virus. Des oiseaux sauvages ont péri, oiseaux d'eau, hérons, mais dans des proportions beaucoup plus faibles. D'autres animaux auraient aussi été contaminés de façon occasionnelle : porcs, félidés...Les personnes ayant été en contact direct ou indirect avec des populations d'oiseaux malades ou porteurs peuvent parfois être contaminées.
Symptômes, signes extérieurs
Les oiseaux touchés peuvent soit être porteurs avec de faibles signes extérieurs, soit mourir rapidement s'ils sont victimes d'une forme dite hyperpathogène. Les symptômes de la forme peu active chez les oiseaux ne sont guère décrits, mais il faut supposer qu'ils ressemblent à ceux qui apparaissent chez l'homme : proches de ceux d'une grippe typique (fièvre, maux de gorge, toux et douleurs) et incluant également pneumonie, difficultés à respirer et autres complications graves pouvant entraîner le décès. Ajoutons qu'un oiseau malade se remarque généralement par un plumage ébouriffé ou de mauvaise apparence, une activité et un appétit réduits.Dans tous les cas, une forte vigilance semble nécessaire pour surveiller l'apparition de symptômes anormaux parmi les élevages, surtouts canards et poulets, dindes. Pour l'homme, c'est surtout l'apparition des signes décrits ci-dessus suite à un séjour dans une région touchée par la grippe aviaire qui permettra de soupçonner la présence de ce virus, les premiers symptômes ne se différenciant que peu d'une grippe traditionnelle.
Précédents
Sans rentrer dans le débat sur les causes et les conséquences à attendre, quelques remarques s'imposent :
Mise en place de la psychose
Côté politique, notons la reprise immédiate des théories les plus alarmistes (voir Laurie Garrett, Henry Niman) par le CFR "Council on Foreign Relations" sur la possibilité d'attaques terroristes au moyen de ces types de virus.De même concernant les conséquences possibles sur l'économie, Mme Cooper et son collègue Donald Coxe de BMO Nesbitt Burns (société de relations publiques, spécialistes des campagnes médiatiques), se lancent dans un scénario catastrophe, prévoyant une crise de l'ampleur de celle de 1929, transports aériens bloqués, etc.De nombreux médias à travers le monde, appuyés par quelques scientifiques de l'OMS et politiques de l'administration européenne se sont chargés de diffuser ces hypothèses avec une énergie toujours grandissante : plusieurs fois par jour, depuis des mois et dans de nombreux pays, des alertes, presque des menaces sont diffusées en permanence.Ces réactions sont étonnantes, quand on sait que le nombre de victimes depuis 2 ans est totalement négligeable par rapport à d'autres maladies annuelles telles que la grippe traditionelle ou des fléaux comme la malaria. Elles se basent donc uniquement sur la thèse d'une mutation précise, qui pour ces auteurs semble inévitable pour une raison un peu obscure. Espérons donc que ces prédictions ne se basent que sur la forte mutabilité du virus et une volonté de prévoir le pire pour l'éviter ?
Perdants
Le scénario qui se déroule actuellement touche essentiellement les éleveurs de volailles et canards, plus particulièrement les élevages extérieurs actuellement sous la menace d'interdiction pure et simple pour ceux qui ne peuvent pas enfermer leurs animaux, contrairement aux élevages en batteries. La baisse de consommation à l'automne 2005 est déja d'environ 25% dans certains pays d'Europe, alors qu'aucun oiseau n'était encore déclaré touché, début 2006 la baisse atteint 50%, sans cas de transmission à l'homme à ce jour.
Gagnants
Tout le monde n'est pas perdant dans cette histoire. Au niveau local, les élevages industriels en batteries confinées vont rapidement récupérer les parts de marché abandonnées par les petits élevages extensifs extérieurs et autres "bio".L'industrie biochimique doit se frotter les mains. Le Tamiflu&trade ;, un des seuls produits déja sur le marché qui pourrait réduire les effets de la grippe aviaire, est produit par Roche, mais encore sous licence de Gilead Sciences Inc [6] qui l'a élaboré en 1996. Par un parfait hasard, le secrétaire à la défense du gouvernement Bush, Donald Rumsfeld a siégé au conseil d'administration de cette société de 1997 à 2001. (Le lien avec le CFR cité plus haut est pour le moins déconcertant !) M. Rumsfeld aurait même déja encaissé plus de 5 millions de dollars grâce à ces actions [7]. Les capacités de production de ce médicament par Roche auraient atteint leurs limites tant la demande de certains gouvernements est élevée. La société fait d'autre part l'objet de tentatives de rachat par d'autres groupes tel Novartis. Notons que malgré ces achats gouvernementaux massifs, certains médecins contestent la valeur du Tamiflu pour traiter la grippe aviaire [8].Au niveau mondial, plusieurs milliards de dollars ont déja été payés à des compagnies produisant des vaccins ou des médications, notamment par des gouvernements non encore touchés.Encore plus étonnant, des chercheurs américains et britanniques travaillant à produire des poulets transgéniques résistants au virus H5N1, comme Laurence Tiley de Cambridge ou Helen Sang du Roslin Institute ont déclaré au Times of London, le 28 octobre 2005 [9], qu'ils seraient capables de produire en 4 ou 5 ans suffisament d'oiseaux pour remplacer l'ensemble des poulets à travers le monde.
Position d'ornithologues de terrain
...J'ajouterai que je rentre du Sénégal. Il y a là bas beaucoup de canards (pilets et sarcelles d'été) mais aucun cas de mortalité anormale n'a été signalé. Au Maroc, un suivi est régulier également et rien à signaler. Donc contrairement aux allégations diverses à l'automne dernier, il ne semble pas y avoir de risque d'une arrivée du virus par l'Afrique ce printemps.Pour mémoire, 800 000 africains meurent chaque année du paludisme. La grippe aviaire n'a pas tué 80 personnes.Je pense qu'il est bon que nous communiquions plus sur le sujet car nous sommes aux premières loges. Si des oiseaux sont porteurs, on le verra rapidement (en Baie de Somme, l'institut Pasteur fait des analyses régulières) et il sera temps de prendre des mesures. Mais actuellement, nous devons être rassurants. Nous sommes là pour veiller au respect du patrimoine naturel, dont les oiseaux, et il faut que nos concitoyens ne les considèrent pas comme dangereux. Ci dessous le dernier communiqué de Wetlands International.A nous d'en faire autant en France, chacun à notre niveau. Voir également si un communiqué RNF ne pourrait pas être fait également.Attention, je ne dis pas de minimiser le problème, mais simplement d'assurer que pour le moment on ne craint rien à se promener dans la nature.PatrickPatrick TripletMaison Ramsar80 132 Port-le-GrandFrance---------------------------------------Grippe aviaire - position de la RN étang deBigugliaLe trajet actuel du virus d'est en ouest ne correspond pas du tout aux trajets des oiseaux migrateurs- Les cas de mortalité massive observée en mai 2005 correspondent à des oiseaux migrants de zone non infectée (Inde, Pakistan), comme les oies à tête barrée, vers des zones infectées en Chine depuis février 2004.- le virus a ensuite fait une trajectoire est-ouest de l'été à l'hiver 2005, de l'Altai (infectée en Chine dès 2004) vers le sud de Moscou. Ce trajet suit le transsibérien et pas les grande voies migratoires.------------------------WWW Wetlands.org Stop blaming waterbirds for avian flu Press release Migrating waterbirds are seen as a major health risk since the outbreak of the avian flu. The United Nations state that the recent spread of avian flu to Turkey is caused by wild birds. Millions of wild birds have now reached their winter destination. No serious outbreak due to these migrations has occurred yet. Several outbreaks in the poultry sector did occur. According to Wetlands International, it is now time to shift the attention from wild birds to the poultry sector. Many feared the last winter migration of wild birds. Millions of birds left the infected areas and flew to southern destinations like Africa. There, millions of waterbirds meet every winter in wetlands before they spread again over the world. Only a few sick birds might be able to cause a major and global outbreak. Several governments took precautions to stop the spread of the flu by wild birds, like measures to keep poultry inside. These scenarios haven't occurred at all. Although millions of birds migrated over the world, there is no evidence of any spread of the flu by wild birds. The wild birds in Asia were likely too ill to be able to take part in the winter migration. However, there is clear evidence of the trade of poultry between old and newly infected areas. During the last months, avian flu spread to several Eastern European countries and to Turkey. "The quick conclusion by politicians and media that wild birds were also here too blame for the outbreak is the result of a narrow minded view on the problem" according to Ward Hagemeijer from Wetlands International. Although there is no proof yet, there is a clear pattern of legal and illegal poultry trade between old and newly infected areas ; for instance between China and Turkey. After this winter period, there is enough reason to stop the unbalanced focus on wild birds and to give more attention to the global legal and illegal transport of poultry. This sector is likely be the real threat. Ward Hagemeijer Wetlands International 23rd of January 2006
Quelques liens
Nouveaux médicaments contre la fièvre aviaire ?Quel est le rôle des oiseaux migrateurs sur la propagation de la grippe aviaire ?La fièvre aviaire deviendrait de plus en plus dangereuse chaque annéeLe rôle des oiseaux migrateurs minimisé (anglais)Tests de grippe aviaire négatifs en Bulgarie et RoumaniePhilippines : décès causés par des médicaments, pas par la grippe aviaireGrippe aviaire : ne tirez pas sur l'oiseau migrateur (Pnue)Peste aviaire : les oiseaux migrateurs utilisés comme bouc émissaire (LRBPO)Migrating wild birds 'not to blame' for spread of fluFlu Unlikely To Migrate With Birds2 Bird Flu Deaths Despite Tamiflu
Références :
1. Grippe aviaire : interrogation sur le rôle des oiseaux migrateurs
2. Scientists flock to defend wild birds over flu fears
3. Misguided focus on migratory birds risks diverting effort from effective control of avian influenza
4. Les oiseaux migrateurs ne sont pas une menace (anglais)
5. More Valley birds to be culled
6. Gilead press release from June 20005
7. Donald Rumsfeld Makes 5 Million Killing On Bird Flu Drug
8. Tamiflu is 'useless' for avian flu
9. Scientists aim to beat flu with genetically modified chickens