
Vers 630-639, un prédicateur nommé Amandus, venant d'Aquitaine, érigea une église et une abbaye consacrée à Saint-Pierre au lieu dit Ganda, au confluent de la Lys et de l'Escaut dans l'actuelle Belgique. C'est ce moine qui convertit Allowyn le flamand (589-657), qui rentra dans les ordres et devint Saint-Bavon.
Il s'agit d'un personnage flamand légendaire. Il aurait été un noble propriétaire foncier du Hainaut, accusé d'avoir dérobé un faucon à un autre membre de la noblesse locale, acte qui à cette époque était condamné par la peine capitale. Au moment de l'exécution, l'oiseau, un faucon blanc, serait alors apparu dans le ciel, prouvant l'innocence de Bavon et lui sauvant ainsi la vie. C'est peut-être suite à ce "signe du ciel" qu'il se serait convertit au christianisme. Il mourût en cette abbaye vers l'an 650 et y fut inhumé, puis bientôt vénéré comme un saint. Cette version de l'histoire correspond bien à la tradition qui en fait le Saint-Patron des fauconniers.
Selon d'autres sources, Saint-Bavon aurait été le fils d'un roi : farouche guerrier saxon (Allowyn ou Halewyn signifie "qui prend tout"), on raconte qu'il attirait par son chant les plus belles filles pour les pendre au gibet. Il n'a pas pu résister à la parole éloquente de Saint-Amand et se serait rendu à Gand où Amandus le conduisit dans l'église de la ville, fit tomber sa barbe et sa chevelure au pied de l'autel de Saint-Pierre et l'admit dans la milice chrétienne. Le farouche Allowyn devint le doux Bavon.
Enfin une troisième version assez similaire, peut-être la plus plausible. Allowin : puissant seigneur né en 589 et mort entre 654 et 657. La vie d'Allowin n'était que débauche. Nanti de richesses il se livrait à tous les plaisirs et débordements. Son épouse, affectée, en mourut. Ce douloureux événement allait convaincre Allowin de racheter sa conduite en rejoignant, à 62 ans, la vie monastique au couvent Saint-Pierre de Gand, après avoir donné tout son argent aux pauvres. Reclus dans une minuscule cellule, il s'infligea de nombreuses mortifications et flagellations. Il supporta cette vie entre 3 et 6 ans avant de succomber. Avant cela, Allowin avait fait don de ses biens et de ses terres, dont Wattrelos (villa avec son église et ses dépendances) à Saint-Amand, évêque de Maestricht et apôtre des Flandres. Allowin fut canonisé sous le nom de Saint Bavon, et une abbaye portant ce nom fut édifiée à Gand. Les abbés de Saint Bavon furent durant des siècles les seigneurs de Wattrelos. On les appelait "les Messieurs de Saint Bavon".
À Dunkerque, où Allowyn réapparaît chaque année sous les traits du Reuze au moment du carnaval, la conversion du guerrier se serait déroulée auprès de saint Éloi.
L'abbaye n'aurait pris le nom de Saint-Bavon qu'environ deux cent ans plus tard, au début du 9
ème siècle, alors qu'Einhard le biographe de Charlemagne était abbé du monastère où s'est déroulé cette histoire. Dans la seconde moitié du 9
ème siècle, les Normands incendièrent les lieux, les moines s'enfuirent en France et l'abbaye proprement dite ne fut reconstruite que sous le règne du comte Arnulf le Grand (918-965), redevenant la propriété de l'Abbaye de Saint-Bavon jusqu'à la moitié du 11
ème siècle, avant d'être encore agrandi de façon importante. Au Moyen Age, l'abbaye était le lieu de résidence de prédilection du comte de Flandre lorsqu'il séjournait à Gand. Puis en 1540 les Gantois se révoltèrent contre leur souverain, et l'empereur fit construire des fortifications sur l'emplacement même de l'abbaye Saint-Bavon. L'église abbatiale fut livrée à la démolition et les autres bâtiments de l'abbaye transformés en casernes et arsenaux. La fortification, appelée "Spanjaardenkasteel" (Château des espagnols) perdit peu à peu de son importance militaire et fut démantelée dans les années 1827-34. En 1882, l'administration communale de Gand y installa le Musée des objets en pierre.

La cathédrale de Gand (Sint-Baafsplein, Gent), anciennement église St-Jean, fut aussi érigée sur le domaine de l'ancienne l'abbaye en 1561 ; Charles Quint y a été baptisé en 1500. Elle présente des styles d'architecture roman (la crypte), gothique rayonnant et tardif. Dans le choeur, le maître-autel a été exécuté par Verbruggen dans le style baroque et représente "l'Apothéose de saint Bavon" ; dans la 10
ème chapelle du déambulatoire, la "Vocation de saint Bavon" (1624), par P.-P. Rubens, qui s'est peint sous la cape rouge d'un converti ; la cathédrale abrite aussi le polyptyque de Jan Van Eyck, "l'Agneau mystique", qui date de 1432.
La cathédrale de Haarlem (Groote Markt), construite au XV
ème siècle porte aussi le nom de Saint-Bavon.
A noter que la religion orthodoxe russe a aussi sa propre version de Saint Bavon. La légende de Saint Tryfton (ou Saint-Bavon) date du règne d'Ivan le terrible (Ivan IV), qui a régné sur Moscou de 1533 à 1584. Tryfton Patrikiev était le fauconnier responsable du Faucon gerfaut préféré d'Ivan. Pendant un jour de chasse, le faucon s'est envolé au loin et s'est perdu. Ivan appela Tryfton et le somma de re
trouver le faucon dans les trois jours, le menaçant d'une terrible punition si il échouait. La légende dit que Tryfton chercha des jours entiers sans résultat. Il pria différents saints, toujours en vain. Il se souvint alors que Saint Tryfton, s'était préoccupé des oiseaux pendant son existence terrestre. Il implora donc Saint Tryfton pour que le faucon revienne, promettant de construire une église à son nom si ses prières étaient exaucées. Tryfton tombe en léthargie après des prières méditatives profondes et Saint Tryfton lui est alors apparu sur un cheval blanc, tenant le faucon perdu sur son gant. Il remis le faucon à Tryfton en déclarant "rappelez-vous votre promesse". Le jeune Tryfton rassembla l'argent nécessaire pour construire l'église qui se dresse encore à ce jour. Une icône dans l'église dépeint Saint Tryfton à cheval avec le Gerfault estimé perché sur sa main protégée d'un gant. La Saint Tryfton est célébrée le premier février.
Pour terminer, précisons que comme sur de nombreuses cathédrales, des Faucons pèlerins sont régulièrement observés à Gand.
Sources :
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