Guano, ou Huano, est le nom donné aux couches de déjections qui s'entassent dans les colonies d'oiseaux de mer, formant des strates parfois épaisses de plusieurs mètres d'une matière utilisée comme engrais pour l'agriculture.Des confluences ou remontées de courants marins, des courants froids, favorisent des eaux riches en plancton et donc poissonneuses, et attirent à leur tour des populations d'oiseaux marins. Un climat sec évite au guano d'être lessivé par les pluies et lui permet de sécher au soleil tout en conservant ses nitrates.Cormoran de Bougainville, Fou varié et Pélican thage sont les espèces d'oiseaux produisant les plus grandes quantités de guano sur les îles et côtes du Pérou longées par le courant de Humboldt.Le Pérou est le 1er producteur, loin devant le Chili et la Namibie, la Basse Californie. Parmi les îles exploitées dans le passé, outre les îles Chincha du Pérou, l'île de la Passion ou Clipperton au large du Mexique et l'île Juan de Nova dans le canal du Mozambique, toutes deux sous contrôle français ont été des sources importantes de guano, mais des sites au large du Brésil, en Méditerranée ou aux Etats-Unis (Grand Lac Salé, Utah) sont encore connus.Les Incas exploitaient déja cette ressource sous le nom de Wanu. La peine de mort aurait alors été applicable contre ceux qui dérangaient les oiseaux. C'est entre les année 1840 et 1880 que l'exploitation fut la plus forte, représentant la majeure partie des revenus du Pérou, avec au plus fort de la production environ 200'000 tonnes exportées chaque année vers la France, l'Angleterre ou les USA. Plus de 12 Mios de tonnes auraient été extraites à la fin de cette période. Des milliers de travailleurs chinois, de prisonniers et de déserteurs y laissèrent leur vie.Plusieurs guerres ont été menées pour cette matière première : en 1863 le Pérou et le Chili ont combattu les navires espagnols et des habitants de l'île de Pâques auraient été enlevés. En 1879-1883 la Guerre du Pacifique opposa le Pérou et le Chili, conflit indirectement causé par l'accès à cette ressource. Aux USA, le Congrès vota le "Guano Islands Act" en 1856 afin de permettre à tout citoyen de déclarer une île inhabitée pouvant être une source de guano comme propriété des USA, loi qui est toujours en vigueur à ce jour.Avec l'arrivée des concepts de développement durable et les labels BIO, l'exploitation a repris aujourd'hui. 100% biologique, écologique, respectueux de l'environnement, naturel, sans additif chimique, sont des éléments repris par les producteurs.Mais le produit est surtout destiné à près d'un million d'agriculteurs "organiques" péruviens car ce produit devient rare. Avec la demande actuelle en hausse, des mesures doivent être prises pour ne pas épuiser totalement les "stocks" : des gardes armés sont stationnés sur les îles et chaque année, seuls 2 sites devraient être exploités en tournus. L'exportation pourrait être complètement stoppée. On se soucie aussi de protéger la ressource, c'est à dire les oiseaux marins, dont le nombre aurait pu atteindre 60 millions au milieu du 18ème siècle sur l'île Asia par exemple, contre 4 millions aujourd'hui, bien que la population soit en légère hausse (3,2 mios en 2008-2009). Les oiseaux, surtout des Cormorans sur Asia seraient dérangés par le bruit et le déficit de proies causés par les bateaux de pêche proches. Des biologistes ont aussi introduits des lézards pour tenter de combattre les poux qui parasitent les oiseaux.Sur l'île de Guanape Sur, 6 km au large de la côte de Lambayeque, plus d'un demi-million d'oiseaux nichent. 280 ouvriers ramassent le guano qui est placé dans des sacs de 50 kilos, puis treuillé dans des barges qui l'amènent à Salaverry, le port de la ville de Trujillo. Ces travailleurs proviennent notamment de la région d'Ancash dans les Andes. Ils peuvent gagner plus du double du salaire minimum - 196 dollars - au Pérou, mais le rythme est pénible, avec jusqu'à 120 des ces sacs portés par jour. Pour 2010, c'est une production de 23'000 tonnes qui est prévue. Le guano est ensuite transformé en poudre puis distribué.En 2010 la tonne de guano valait environ 250 US$ localement, 500 US$ pour l'exportation, à comparer à l'urée qui a vu son prix doubler dernièrement pour atteindre 600 US$. Cette dernière reste évidemment plus concentrée en nitrates, mais moins équilibrée et ne remplissant pas les mêmes critères de production bio.Riche en azote et en phosphore : ammoniaque, nitrates, acides uréiques, acides oxaliques, acides carboniques, sels divers et impuretés, le guano est de nos jours disponible dans la plupart des centres commerciaux pour le jardinage. Il existe aussi une production importante de guano de chauve-souris, alors que celle de guano de phoque est plus réduite.