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en bref
caniculeLes années 2015, 2005, tout comme 2003, sont exceptionnelles pour ce qui est des températures caniculaires et du déficit prolongé des précipitations sur une bonne partie de l'Europe. Le nombre de départements français touchés et pour lesquels des mesures d'économie draconiennes sont décidées en dit long sur la situation. Cela semble encore pire sur la péninsule ibérique où les incendies ont encore détruit des centaines de kilomètres carrés de forêts. Le Sud-Est du Royaume-Uni est lui aussi touché, tout comme le Nord de l'Italie. Sécheresse encore en Afrique du Nord dès avril et mai ; la fin de l'été (saison sèche locale !) par contre est assez pluvieuse en Tunisie et la saison des pluies bat des records au Sénégal et en Afrique de l'Ouest.comportementsQuelles sont les conséquences de ces périodes - ou années - extrêmes pour la vie des oiseaux ? Deux remarques importantes pour commencer : premièrement, la température, qu'elle soit chaude ou froide, est rarement mortelle pour les oiseaux tant qu'ils ont de la nourriture et de l'eau en suffisance ; deuxièmement, la possibilité de se déplacer est un atout majeur, et en cas de problème les nichées seront les premières victimes. Pour les oiseaux adultes et en bonne santé, le comportement varie fortement entre les différentes espèces.
Les sédentaires et territoriaux seront à priori plus gênés par ces épisodes secs et chauds prolongés, peu enclins à se déplacer ou perturbés dans leur organisation sociale. Chez les migrateurs on note différents comportements : certains rejoignent leur zones de reproduction plus rapidement, et repartent plus rapidement, leur nichées élevées ; d'autres arrivent plus vite et repartent plus tard, restant parfois en Europe du Sud au lieu de partir pour l'Afrique, Géroudet avait noté l'hivernage d'Etourneaux dès les années 1970 ; mais tous ne modifient pas la période de leurs déplacements, beaucoup rejoignant les mêmes zones d'années en année à des dates relativement fixes. D'autres enfin, ont pour habitude de se déplacer librement à la recherche de sources de nourriture abondantes, sans doute le comportement les plus adaptés lors de crises climatique.observationsEn cas de gêne, suite à de fortes variations de température ou manques d'eau, des mouvements importants peuvent apparaître : ainsi en 2005, la famine qui sévit en Afrique de l'Ouest a provoqué le déplacement de millions de Travailleurs à bec rouge qui ont envahi le Nord du Nigeria encore préservé de la sécheresse, où se trouvent la majorité des cultures [1]. Plus près de chez nous, de nombreuses espèces d'Afrique du Nord remontent jusqu'en Europe en cas de saisons très sèches ou chaudes : les cailles semblent habituées à ce genre d'épisodes et l'arrivée d'individus du Maghreb en France est un exemple traditionnel. Le Martinet cafre se rencontre en plus grand nombre à l'extrême-Sud de l'Espagne. Au Royaume-Uni, l'Aigrette garzette niche depuis 1996 et la Grande aigrette semble sur le point de la rejoindre, de même que le Milan noir, la Fauvette pitchou qui semblent aussi s'installer outre-Manche. Une étude récente montre que les Fauvettes à tête noire du continent qui partent hiverner à l'Ouest sur les îles britanniques, au lieu d'accomplir les 7'000 kilomètres vers l'Afrique, sont désormais favorisées par les hivers doux, et sont les premières à retourner sur les lieux de ponte [2]. Mêmes avantages pour les Pouillots véloces qui ne migrent plus et restent sur place. A l'inverse, le Bec-croisé d'Écosse, le Guillemot de Troïl et le Gobemouche gris voient leurs populations baisser. Pour ce dernier, le retour d'Afrique équatoriale ne ne dépendrait que de la photopériode et de son horloge interne, et non des conditions climatiques. Le pic d'abondance des insectes et chenilles qui permettent de nourrir les petits seraient donc légèrement décalés par rapport au retour et à la nidification de cette espèce, ce qui le désavantagerait [3]. Les Roselins githagine observés à travers l'Europe [4] et jusqu'en Suède sont un cas moins commun ; un lecteur nous a envoyé des photos de Moineaux gris [5], espèce originaire de l'Ouest africain, qui se reproduirait à Nice depuis 2003, mais cela paraît plutôt accidentel. Dans les Territoires du Nord-Ouest au Canada et en Alaska, le Merle d'Amérique, bien connu sous le nom de Rouge-gorge américain, a fait son apparition. Les Inuits n'ont pas de nom pour lui, ne l'ayant jamais vu auparavant. C'est aussi le cas d'autres espèces d'oies et de canards.seuilCes observations inhabituelles sont-elles les signes précurseurs de modifications à plus long terme ? Rappelons ici la notion de seuil, qui en écologie sépare souvent deux états différents : les transformations importantes prennent du temps et les facteurs extérieurs varient souvent de manière progressive, mais il arrive un moment où la situation se transforme rapidement. On passe ainsi d'un état stable à un autre dans un délai relativement court. Avant le seuil, seuls certains signes sont visibles, c'est ce qu'on appelle la phase subliminale : les nouvelles espèces font peu à peu leur apparition tout en restant minoritaires. Puis la situation bascule et les populations des espèces associées au nouveau milieu explosent et remplacent les anciennes. On pourrait utiliser l'image d'un verre d'eau que l'on refroidit très progressivement de +10°C à -10°C ou d'une réaction chimique dans laquelle les concentrations varient linéairement : en apparence rien ne se passe jusqu'à ce qu'une température proche de 0°C - ou les solutions critiques - soient atteintes, mais les changements se produisent ensuite brusquement. Seule une observation très attentive permet de déceler l'apparition des premiers cristaux ou des réactifs à l'approche du seuil. Il faut quand même noter que tous les changements écologiques ou biologiques ne suivent pas forcément ce shéma : ainsi en Amérique du Nord la limite de végétation progresserait de 300 à 600 mètres par année en direction du Nord, la toundra se voyant notamment colonisée par les épinettes.discussionEssayons de relativiser. Si vous avez des ailes et que les conditions locales deviennent difficiles, il paraît naturel d'aller voir un peu plus loin si la situation est plus favorable ! Alors comment distinguer les tendances à long terme de simples mouvements ponctuels qui sont communs quand les conditions météorologiques sortent des moyennes saisonnières ? Pire, si l'on s'interroge sur les modifications climatiques globales à plus long terme, chacun tendra à répondre selon ses propres impressions ou sentiments. Ce débat est lancé et les camps sont déja formés ! Sujet d'actualité s'il en est, et pourtant vieux comme le monde, le temps qu'il fait fait toujours l'objet de certaines passions.Rapellons donc au passage que la Terre est censée être dans une période chaude ou interglaciaire depuis au moins 10'000 ans, ce qui au vu de son histoire devrait nous assurer de l'arrivée d'une nouvelle Ere glaciaire, tôt ou tard. L'échéance de ce nouveau refroidissement est déjà beaucoup plus incertaine, surtout si l'on considère que les observations depuis près d'un siècle semblent plutôt révéler un réchauffement.
Selon les estimations et la courbe des température présentées par le schéma ci-contre [6] la période "chaude" actuelle - dite inter-glaciaire - pourrait durer encore plusieurs (dizaines de) milliers d'années. Ces courbes sont largement acceptées et se basent sur les proportions d'isotopes (O16/O18) d'oxygène mesurées dans les coquilles trouvées sur les fonds des océans. Les choses se gâtent si l'on tente d'argumenter sur les effets anthropiques, gaz à effet de serre, déboisements massifs, etc. Ces modifications provoqueront t'elles des sommets de température et la vérification des scénarios catastrophe [7] en s'additionnant à la chaleur relative qui règne depuis plus de 10'000 ans ou sont elles négligeables, le réchauffement constaté depuis quelques dizaines d'années n'étant que la suite logique de la remontée de la courbe illustrée ci-dessus ? Alors, Cycle planétaire, influence de l'activité solaire ou activités humaines ?causes diversesMêmes questions quant aux variations des mouvements et aires de répartition des oiseaux. Si les faits ne sont pas discutables, leurs causes, par contre, peuvent être diverses : certaines espèces autrefois migratrices hivernent désormais en Europe [8] ; les populations propres à des étages alpins particuliers montent en altitude [9] ; les Guêpiers seraient en train de remonter jusqu'au Nord de la Loire, jusqu'en Suisse ou en Alsace depuis les années 1980, etc. Cependant, en dehors du climat, on pourrait aussi expliquer une partie de ces observations par d'autres mécanismes : il faut donc relativiser ce rapport entre un réchauffement climatique et l'extension vers le Nord des aires de répartition de certaines espèces. Par exemple, depuis quelques années plus de précautions sont prises et des efforts de protection des zones naturelles voire "renaturalisées" permettent à certaines espèces de regagner des territoires qu'elles avaient dût quitter quelques décennies auparavant, lors de l'après-guerre et son fort taux de développement. D'autres animaux ont pu être chassés et disparaître de régions entières qu'ils ne recolonisent qu'aujourd'hui.une vieille histoirePour corser les choses, certains textes du début du XXème décrivaient déja la remontée d'espèces animales vers le Nord pour cause de réchauffement. A partir de 1920 on a vu au Groenland des Macreuses brunes d'Amérique, le Grand Chevalier à pieds jaunes, l'Albatros à sourcil noirs, l'Hirondelle de rocher, la Grive couronnée, le Bec-croisé ordinaire, entre autre. L'Islande a reçu, depuis 1935, des oiseaux septentrionaux : Pouillots siffleurs, Alouettes des champs, Roselins cramoisis, certaines grives. Déja les glaciers fondaient y compris en Alaska [10]. Même remarques pour la pêche à la morue : les grandes pêches d'Islande n'auraient été qu'une conséquence du déplacement de ce poisson vers le Nord.Si une chose est sûre, c'est que l'on ne résoudra pas le débat sur le réchauffement par la seule observation des oiseaux ! Ceux-ci subissent et s'adaptent aux variations locales et globales, mais sont en général dépendants de bien trop de facteurs pour pouvoir être considérés de façon directe comme messagers ou oracles du climat à venir. Ils font partie de chaînes alimentaires et écologiques souvent complexes dont ils peuvent éventuellement révéler certaines tendances, mais il faudra chercher les explications ailleurs.crisesDes phénomènes météorologiques exceptionnels comme les tempêtes peuvent aussi transporter des oiseaux sur de longues distances en peu de temps. On a ainsi trouvé une Mouette tridactyle tâchée de mazout sur les rives du Lac Léman en Suisse, quelques jours après le naufrage du pétrolier "Erika" en décembre 1999, alors que cet oiseau aurait dût se trouver au large sur l'Atlantique à cette époque de l'année. Les orages, bien que plus localisés, pourraient eux-aussi devenir plus nombreux et puissants si la tendance actuelle se poursuivait. Ils sont dangereux pour les oiseaux, en raison des vents forts et parfois de la grêle qu'ils produisent, ainsi les orages d'août 2005 autour du Lac Léman ont tués des centaines d'oiseaux, voir aussi les cyclones Katrina et Rita [11] et septembre sur le Lac Supérieur [12].La sécheresse du premier semestre 2005 qui touche l'Ouest et le Sud de l'Europe est certainement pénible pour de nombreuses espèces associées aux milieux humides car ces zones sont déja devenues assez rares en raison des activités humaines, et subissent une transformation radicale si elles sont asséchées. La période de juin-juillet aura pu poser des problèmes pour la survie de nombreuses nichées. Certaines réserves au Sud-Est du Royaume-Uni assistent déja à des baisses de l'ordre de 80% pour des espèces comme les Vanneaux, Chevaliers et Bécassines [13].Cette année 2005 a été très riche en évènements météo et nous aura permis d'observer des inondations record en Suisse, en Autriche et vers l'Est de l'Europe, alors que les précipitations sont toujours déficitaires à l'Ouest. La raréfaction des zones humides telles que marais, marécages, plaines d'inondation naturelles, souvent aménagées pour améliorer la salubrité ou pour augmenter les surfaces agricoles et constructibles a sans doute son importance dans ces crises, car elles permettent d'absorber les surplus de précipitation et de décharger les cours d'eau en crue. Des situations telles que les inondations en Europe début août ou la destruction de la Nouvelle-Orléans suite au cyclone Katrina auraient-elles été moins graves si les zones humides et les bayous avaient été protégés [14] ? Encore une fois, il est difficile de discerner les causes : réchauffement annoncé associé à des précipitations accrues, conséquences des modifications apportées aux milieux naturels, variabilité propre aux mécanismes atmosphériques, absence de gestion raisonnée du territoire... Tous ces aspects sont d'ailleurs intrinsèquement liés, nous y reviendrons plus loin.JaseursPour des périodes plus longues, on peut tenter de mettre en rapport des observations d'espèces particulières avec les données météo. D'après d'anciennes chroniques Suisses tenues depuis le Moyen-Age, les arrivées les plus massives de Jaseurs boréal - supposées correspondre à des hivers particulièrement froids ou neigeux - ont eu lieu au cours des hivers 1413/1414, 1519/1520, 1570/1571, 1682/1683, 1779/1780, 1794/1795, 1806/1807, 1866/1867, 1903/1904, 1941/1942, 1963/1964 et 1965/1966 [15]. Plus récemment, l'hiver 1988/1989, pas particulièrement rigoureux, montre que les températures ne sont sans doute pas le moteur principal de ces invasions ; la dernière en date est l'hiver 2004/2005, les oiseaux atteignant même la méditerrannée. Comparons maintenant ces données tirées d'observations à celles de la géologie : dans les hautes vallées alpines, les traces glaciaires les plus fraîches, souvent encore mal colonisées par la végétation, sont celles du "petit âge de glace", c'est-à-dire de la période 1550 - 1820 (la décennie la plus froide fut celle de 1690 à 1700) [16]. Problème : la plus forte fréquence des invasions de Jaseurs se produit durant le 20ème siècle, et est contemporaine d'un réchauffement généralisé selon toutes les observations (retrait des glaciers, données météo). Bien sûr ces données sont loin d'être suffisamment complètes pour avoir une bonne idée d'ensemble, mais il est clair qu'aucune tendance nette ne saurait-être tirée de ces mouvements vers le Sud des Jaseurs, surtout liés au manque de baies dont ils se nourrissent. Cette absence de nourriture peut elle-même être provoquée par des facteurs climatiques combinés, dans lesquels les épisodes secs et pluvieux jouent un rôle sans doute plus important que la température elle-même, mais aussi par les variations des populations d'animaux qui les consomment, souvent sujettes à leurs propres cycles !Provence et Bretagne, terres d'accueilAjoutons que ce même hiver 2004/2005, des Hirondelles rustiques, qui passent habituellement la mauvaise saison en Afrique tropicale, ont hiverné en Provence (où elles ont peut-être côtoyé des Jaseurs boréals fuyant la Scandinavie !) et sur le littoral atlantique, entre Loire et Gironde. La douceur inhabituelle du début février a permis aux canards venus de Scandinavie et de Russie de repartir précocement vers le Nord. En mars, les premiers migrateurs au long cours, qui hivernent en Afrique sub-saharienne, ont fait leur retour avec "2 ou 3 semaines d'avance", constate la LPO. Fauvettes, Bergeronnettes printanières, Petits gravelots et Milans noirs sont déjà observés dans la moitié Sud du pays. Le Martinet noir, qu'on voit généralement vers le 15 avril, a été observé dans le Midi et la Corse, soit plusieurs semaines en avance sur le "programme". A noter que ces retours précoces peuvent être négatifs pour certaines espèces qui ne trouveront pas forcément à leur arrivée leurs insectes préférés [17].Une année plus tôt, le 10 février 2004, une Hirondelle de fenêtre a été observée au Conquet (Finisterre), par une température de 8°C, vent faible et soleil, suite à une semaine très douce (près de 17 à Brest mercredi 04/02/04) avec un flux du Sud-Ouest, donc il est possible qu'elle soit arrivée avec le flux de SW [18]. Elle avait encore été observée le 21/12/03 sur la Loire alors qu'elle est supposée partir en Octobre et revenir bien plus tard, fin Mars/Avril. D'autres espèces d'hirondelles auraient aussi été observées dans la région : une Hirondelle rustique (Hirondelle de cheminée), le 09/02/04 à quelques kilomètres du Conquet et une Hirondelle de rocher dans le Morbihan le 28/01/04. Ces oiseaux sont normalement en Afrique à cette période de l'année, seules les deux dernières hivernent occasionnellement en Europe méridionale.Pie bleueUn autre exemple illustre parfaitement ces interrogations, cette fois sur le long terme : la Pie bleue est relativement commune au Sud de l'Espagne et du Portugal, or en dehors de la péninsule ibérique, cet oiseau ne se retrouve qu'en Asie orientale. Ce phénomène est nommé "allopatrie".
Comment expliquer cet éloignement ? Un isolement géographique provoqué par les dernières glaciations qui auraient divisé une aire de répartition autrefois continue, il y a environ 100'000 ans, lors du précédent réchauffement ? Les survivants auraient tous migré au Sud durant les âges glaciaires, puis à nouveau tous franchi Gibraltar lors du réchauffement il y a 12'000 ans, sinon comment expliquer l'absence totale de cet oiseau en Afrique du Nord où les conditions sont proches des milieux occupés en Europe ? Cette théorie serait renforcée si la sous-espèce européenne Cyanopica cyana cooki était reconnue comme valable, sinon il faudrait rechercher une explication plus "moderne", telle que l'importation d'oiseaux d'Asie par des vaisseaux portuguais ou espagnols du temps des grandes découvertes ou des routes maritimes de commerce avec l'Asie.influence humaineAvant de terminer, arrêtons-nous sur les modifications du milieu par l'homme et leurs effets sur le climat. Tous les spécialistes sont d'accord pour considérer que la transformation des habitats naturels est le principal danger pour les populations et la diversité aviennes, suivie de près par d'autres facteurs humains tels que les lignes à haute-tension ou les immeubles vitrés (surtout en Amérique du Nord [19]). La protection des dernières zones naturelles dites à "intérêt écologique" (terme que l'on peut souvent traduire par "milieu localement en voie de disparition", car quel milieu naturel n'a pas de valeur écologique ?) a indéniablement progressé ces dernières décennies en Europe de l'Ouest. Or le développement des villes, zones industrielles, routes et autres surfaces bétonnées a lui aussi fait un bond en avant [20]. Ces deux constatations peuvent paraître contradictoires, mais l'explication tient sans doute dans la très forte augmentation du commerce international au cours de la seconde moitié du XXème siècle, cequi diminue la pression sur les terres d'Europe. Bois, céréales, soja et même produits frais sont désormais en grande partie importés, parfois de très loin. D'autre part la notion de zone naturelle protégée était entièrement nouvelle il y a un siècle, les paysages sauvages étant encore majoritaires en Europe, même s'ils étaient déja utilisés extensivement par l'homme depuis longtemps. Ceux qui ont quelques notions d'écologie ou d'éco-géographie savent que de façon générale, les diverses forêts, les milieux humides, les prairies et même garrigues et mâquis ne sont en rien comparables aux zones exploitées intensivement, qu'elles soient cultivées, construites, goudronnées ou même comme les terrains de golf, gazonnées. Dans la majorité des aménagements, la couverture végétale persistante est diminuée, accroissant l'albedo ou réflexion solaire, la température de surface (surtout estivale) et les besoins en eau du sol, moins protégé contre l'évaporation et les infiltrations. Tous ces effets contribuent directement au réchauffement et aux sécheresses - bien entendu ils s'agit d'influences locales, mais si l'on s'amusait à les additionner toutes, à l'échelle d'un pays voire d'un continent, il faut avouer que l'effet pourrait devenir préoccupant sur l'accroissement des températures. Il ne s'agit pas ici de prôner le retour à un mode vie primitif, mais d'un simple constat. C'est un aspect peu traité par les médias mais qui a une influence plus directe sur les êtres vivants que le CO2 et autres gaz à effet de serre qui agissent surtout de façon lente. A titre d'illustration prenons un cas un peu extrême, caricatural et simpliste, mais parlant : imaginez la situation d'un désert chauffé par un soleil brûlant et comparez avec une oasis dans ce même désert. Même si la température de l'air ambiant est assez similaire, les conditions biologiques au sol sont très différentes, et bien que la présence de végétation dense dans une zone désertique dépend avant tout d'une source d'eau, le maintien de l'humidité des couches peu profondes du sol est à son tour favorisé par une couverture végétale adaptée.les RomainsA cet égard, l'exemple de la péninsule ibérique est intéressant car on y assiste à une lente transformation vers des milieux semi-arides, telle l'Andalousie qui se rapproche de zones comme les provinces d'Almeria et d'Alicante. Notons au passage que ce n'est sans doute qu'une nouvelle étape d'un processus qui s'est produit depuis des millénaires sur le pourtour méditerranéen. En effet, ce dernier aurait été entièrement couvert de forêts de chênes avant le développement de la civilisation romaine ! L'usage intensif du bois pour la construction, la navigation ainsi que les foyers des forges nécessaires au travail métallurgique, les déforestations pour les besoins des cultures et du pâturage des troupeaux, auraient lentement transformé les écosystèmes fragilisés des rives Sud et Nord de la Mare Nostrum, qui en quelques siècles seraient passées de milieux forestiers à ce que nous connaissons aujourd'hui, soit garrigue et steppes sèches. Une fois les sols et l'environnement dégradés et devenus difficiles à cultiver, les habitants en sont généralement réduits à laisser pâturer des caprins, seuls capables de survivre avec des végétations sèches et rares, mais qui finiront de transformer l'environnement en un quasi-désert [21]. Cet exemple démontre que des modifications à long terme sont possible à des échelles déja respectables et dépassant largement le cadre du micro-climat.en brefConclusion provisoire : le climat a surtout une influence indirecte sur les populations d'oiseaux. Les variations climatiques agissent par contre fortement sur les ressources de nourriture, c'est à dire surtout graines, fruits et insectes, dont ils sont dépendants. En cela leur situation diffère fortement de celle de certains poissons, sensibles à la température, la salinité ou la quantité d'oxygène de l'eau, ou encore de certains végétaux (nature du sol, gel, humidité). Leur mobilité relativement forte les protège en partie d'épisodes exceptionnels ou locaux. Ici encore, en l'absence de phénomène massifs tels qu'apparition d'une nouvelle ère glaciaire, les transformations des milieux naturels par l'activité anthropique semblent plus déterminantes pour l'évolution de nombreuses espèces que le climat global. Certaines espèces occupant des niches écologiques réduites peuvent cependant se trouver menacées si les tendances récentes amènent une transition de leur habitat vers un milieu différent. De façon générale c'est donc surtout des facteurs issus de la base de la chaîne trophique au sens large (flore, insectes, invertébrés, mais aussi parasites et virus [22] ) qui pourraient provoquer des évènements de nature "catastrophique" pour les oiseaux, le climat n'étant à priori déterminant à long terme que si des épisodes tels que la sécheresse du début 2005 se reproduisaient plusieurs années de suite. ornitho
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29 mai 2011
et une année de tous les records pour 2011, sécheresse et températures printanières exceptionelles!
ornitho
Merci pour les messages, que je n'avais pas vu, désolé!
Sécheresse, hautes températures, rebelotte pour 2006, on dirait?
Météo
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4 nov. 2005
H.B
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13 sept. 2005
La courbe des températures montre bien que le réchauffement naturel n'en est qu'à son début et pourrait se poursuivre encore 2-3000 ans.
ornitho
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10 sept. 2005
Article un peu laborieux, mais j'ai au moins pu tester ma nouvelle fonction pour les références!
Si vous avez eu le courage et la patience de lire jusqu'ici, vous pouvez encore bien faire l'effort de laisser un commentaire ou toute info intéressante ?
Merci d'avance !