
Historique du Balbuzard pêcheur en Suisse
Le Balbuzard pêcheur était nicheur en Suisse jusqu'au début du 20ème siècle ; en 1914 un spécimen a été tiré, empaillé, et ses oeufs conservés. Le Tessin, le Nord de la Suisse, et même le Léman, Vaud et France voisine, abritaient des couples nicheurs.Sa répartition européenne aujourd'hui surtout septentrionale serait donc l'effet de l'exploitation et transformation des milieux favorables, ainsi que de la prédation humaine. La situation est d'ailleurs la même en Espagne, Portugal, France, Italie, où des campagnes de réintroduction sont aussi en cours. Il y aurait environ 8000 couples nichant en Europe.
Conditions pour la réintroduction
Le Balbuzard est présent sur une grande partie du globe, avec 4 sous-espèces, dont une Eurasiatique qui nous concerne ici. Malgré une adaptation à des climats aussi variables, certains facteurs doivent être réunis pour maintenir sa présence et assurer sa reproduction. Nourriture : des plans d'eau riches en poissons sont bien sûr requis, l'espèce se nourrissant quasi-exclusivement de poissons proches de la surface, attrapés au vol. La quantité de nourriture s'éleve à 300-500g par jour.Nid : des postes élevés et dégagés, surplombants, à l'abri de prédateurs, sont nécessaires pour l'établissement du nid. Une certaine tranquillité est indispensable, car ces oiseaux ne supportent par exemple pas d'être d'observés fixement, même si les activités humaines et mécaniques ne semblent pas les déranger outre-mesure. La nécessité de supports pour le nid est un point qui nécessitera la mise en place de plate-formes artificielles, car les forêts suisses sont trop régulières et ne comportent par exemple pas assez d'arbres morts isolés ou plus élevés que la végétation environnante. La distance du nid aux plans d'eau peut par contre être relativement élevée, jusqu'à plusieurs kilomètres. En Allemagne du Nord-Est, où l'espèce est bien implantée, les nids sont souvent construits sur de hauts pylônes électriques, et la compagnie d'électricité locale collabore désormais au programme de suivi et de protection.Autres : des facteurs limitants propres à la réintroduction peuvent intervenir sur des sites par ailleurs favorables à l'espèce. Par exemple, le grand nombre de Goélands leucophées nichant sur les rives Sud du Lac de Neuchâtel pourrait être dangereux pour les jeunes Balbuzards relâchés selon M. Dennis, car ils n'ont pas leurs parents pour les défendre. Il faudra donc attendre que des couples adultes viennent s'installer d'eux-même sur cette zone.
Méthodes
La méthode utilisée est appelée translocalisation, et consiste à prélever des jeunes surnuméraires dans des nichées de zones où l'espèce est bien implantée, et à les relocaliser dans des installations adaptées sur les sites choisis. Les couvées peuvent atteindre 4-5 oeufs, mais généralement seuls 1 à 3 jeunes survivent dans la nature. Comme chez d'autres rapaces, la mère se borne à présenter la nourriture, et seuls les plus rapides et vigoureux se servent, alors que les plus jeunes ou plus faibles périssent.Les jeunes sont déplacés alors qu'ils disposent de leur premier plumage, à l'âge de 5-6 semaines. Ils seront sans doute originaires d'Allemagne, d'Ecosse ou de Suède, car les Balbuzards qui traversent la Suisse lors des migrations proviennent souvent de ces pays, ce qui devrait rendre leur réimplantation plus aisée.Cette méthode semble efficace, car l'oiseau, surtout le mâle, est très attaché à son lieu de naissance (philopatrie), et plus particulièrement aux lieux qu'il découvre lors de l'envol, et qu'il rejoindra normalement à chaque retour de migration. Cette caractéristique explique sans doute que les nids installés en Suisse depuis des années n'ont jamais été occupés.Ces jeunes doivent donc être transportés en Suisse, où ils passeront encore 3 semaines dans des volières aménagées pour les protéger, nourris par l'intermédiaire d'un tuyau afin de dissimuler les personnes qui leur apportent leur ration de poisson. Des mangeoires, plateformes aménagées où de la nourriture leur sera encore distribuée après l'envol, font aussi partie du dispositif. L'instinct devra ensuite permettre aux jeunes Balbuzards de se mettre à pêcher et se diriger vers le Sud pour les migrations.A leur retour, des supports ou plateformes favorables à la construction du nid devront être disponibles sur ces mêmes sites, en espérant que certains s'établissent et réussissent à se reproduire d'eux-mêmes.Le Balbuzard à tendance à se regrouper, formant des sortes de colonies très lâches, les nids n'étant pas proprement regroupés, mais tout de même sur des sites relativement proches.Les programmes de réintroduction, d'abord aux Etats-Unis, puis en Ecosse, Allemagne et autres, ont souvent demandé des années d'efforts avant que le nombre d'oiseaux ne commence vraiment à augmenter.
Calendrier de réintroduction
Depuis plusieurs années les associations locales et fédérales ont été consultées, et avec l'aide de spécialistes comme Roy Dennis et Daniel Schmidt plusieurs sites ont été choisis qui devraient être favorables à l'implantation du Balbuzard. Les responsables de programmes au Nord de l'Europe sont prêts à fournir des jeunes à la Suisse, et la saison