Zoom F3 -
Røde NTG5 -
Son -
Configuration -
Réglages, autonomieLe but est d'enregistrer des sons de la faune, soit surtout insectes, cris et chants d'oiseaux, et autres animaux. Il ne s'agit donc pas d'ambiances avec son stéréo qui réclame 2 micros.
Dans ce cadre la combinaison enregistreur Zoom F3 + microphone Røde NTG5 est certainement la plus compacte et même la plus performante dans sa classe de prix, et de loin.
- L'idée de départ était un "classique" Zoom H5N, éventuellement avec un microphone directionnel capsule SGH-6 ou SSH-6, mais ces dernières années de nombreux autres modèles sont présents sur le marché, y compris chez le même fabricant, notamment le Zoom MicTrack M3 avec enregistreur 32 bit intégré, qui remplacerait donc le petit Zoom F1 avec la capsule SSH-6, intéressant avec sa taille et son prix réduits. Les capsules directionnelles de Zoom semblent offrir une bonne qualité, certains les comparent avec les Røde NTG2 voire 3 (qui produisent moins de bruit). C'est surtout au niveau du rendu de la voix que les critiques semblent plus fréquentes.
- Smartphone : les meilleurs micros peuvent être branchés grâce à un préampli avec alimentation fantôme type IK iRig Pre 2 - et il existe des microphones directement utilisables avec prise 3,5 mm, certains avec alimentation/préampli intégré. Je n'ai pas testé cette dernière solution, il existe des adaptateurs pour prise 3,5 mm TRS du micro vers la fiche TRRS du téléphone, ou encore USB-C.
- Une solution compacte mais performante serait l'enregistreur Tentacle Sync Track E avec autonomie annoncée à 10 heures, voire le Zoom F2, associé à un micro genre Rode NTG, ou Sennheiser MKE400. Très compact et performant, avec 32 bit flottant, et un prix relativement raisonnable, mais n'offrant pas de stéréo ni prise XLR.
- Sound Devices MixPre II : matériel pro en format compact, avec des possibilités supplémentaires (3 canaux, synchronisation vidéo, etc.), mais un peu moins compact, autonomie de base limitée, et un prix bien plus élevé...
C'est la lecture de nombreux tests et comparatifs qui m'a fait découvrir le Zoom F3, surtout en raison de sa taille et des enregistrements en format 32 bit flottant, qui permettent de se passer de réglages de gain lors de l'enregistrement (ma courte expérience en ce domaine m'ayant montré qu'en conditions non contrôlées, il est parfois difficile d'anticiper le niveau de décibels qui peut être atteint). La qualité des pré-amplis paraît excellente, apparemment les mêmes que ceux du F6.
Le Zoom M4, plus récent, devrait offrir la même qualité de son, avec en plus des micros intégrés pour l'enregistrement d'ambiance stéréo par exemple, ainsi que 2 x XLR et 1 x 3,5mm. Il est moins compact mais offre plus d'autonomie. Cependant il n'y avait pas assez de tests disponibles au moment où cet article a été écrit, et certains auraient observé une sensibilité aux interférences, en tous cas avec le M2...
Le 32 bit flottant en lui-même n'offre pas une qualité de son supérieure au 24 bit, à l'inverse les fichiers sont beaucoup plus volumineux, il est juste plus pratique en garantissant l'absence de saturation, ou à l'inverse, de gain trop faible...
Zoom F3
+ taille (7,5 × 7,73 × 4,78 cm) poids (avec batteries 242 g)
+ bons préamplis avec faible bruit -127 dbu et mieux
+ pas de réglages nécessaires pour le gain (32 bit flottant)
+ 2 entrées XLR avec alimentation 24/48V
+ pré-enregistrement (6/3/1 sec. à 48/96/192 kHz)

- pas d'entrée 3,5 mm (adaptateurs pour moins de 10 €))
- trappe batteries d'aspect "fragile" et peu accessible en port ceinture, même impression pour les touches
- pas de protection contre l'humidité (voir ci-dessous !)
Hélas après moins d'une année d'utilisation sur le terrain, le Zoom F3 a rendu l'âme, tué par quelques gouttes d'eau salée sur une île de la mer d'Andaman... et cela malgré toutes les protections placées sur les entrées/sorties. Je suis responsable de la situation, mais il est regrettable qu'il n'y ait pas de matériel de ce type un peu plus robuste, car dans certaines conditions il est presque impossible d'éviter un peu d'humidité.
Vu que le F3 n'accepte pas directement les capsules micro de Zoom, le choix initial du microphone était remis en question, et la qualité potentiellement élevée des enregistrements ouvre le champ des possibilités, mais les prix grimpent aussi rapidement !
Encore une fois c'est la lecture de tests et des spécifications qui a fait pencher la balance vers le Røde NTG5.
Røde NTG5
+ excellentes caractéristiques acoustiques (bruit, directionalité, sensibilité)
+ faible encombrement et poids
+ fonctionne en conditions humides
+ vendu avec accessoires (poignée, support antichoc, ...)
- pas d'alimentation interne ni en capsule (mais fournie par le Zoom F3)
- prix (mais moins onéreux que les modèles avec performances similaires)

Un des tout premiers micros directionnel avec ouvertures latérales circulaires, sans doute plus économique à usiner que les traditionnelles fentes perpendiculaires au tube, mais les caractéristiques acoustiques ne semblent pas être affectées, au contraire.
noter que l'inscription sur le site de Rode permet d'étendre la garantie à 10 ans, sans frais (pour ce modèle, en 2023).
Son
la sensibilité est excellente, le bruit interne très faible, la directionalité est très bonne, techniquement il est difficile de faire mieux.
À l'écoute le son me paraît un peu analytique, neutre, sans que ce soit un défaut.
(À titre d'exemple, mon traitement du son sera généralement limité à une normalisation à -3 dB et peut-être un filtre high-pass pour éliminer des bruits de fond type trafic routier ou aérien, dans Audacity.)
On trouve des enregistrements comparatifs de la voix sur internet, et le son est peut-être un peu moins "chaud" que le fameux Sennheiser MKH 416 par exemple, qui est justement destiné à enregistrer des voix humaines ? Certains préfèrent le NTG5 pour les voix moins graves, le 416 pour les autres...
Pour l'utilisation prévue, le Røde NTG5 paraît supérieur au 416 qui est 2 x plus cher. En fait sans doute supérieur à toute la concurrence, à moins de payer 3 x plus cher, pour des micros plus longs et plus lourds.
Seuls des micros paraboliques de qualité qui permettent d'amplifier et d'augmenter la directionalité des sons offriront des performances nettement supérieures à cette combinaison, avec pour prix à payer une courbe de réponse déformée.
Configuration
séduit par l'encombrement réduit de l'enregistreur et du microphone, il paraissait dommage de ne pas en profiter pour se passer d'un câble supplémentaire, et après quelques hésitations, une bande velcro a permis de fixer l'enregistreur directement sur la poignée...

Dans cette configuration, si on tient la poignée de la main gauche, on peut aisément allumer/éteindre et débuter/stopper l'enregistrement avec le pouce ! Mais le montage n'est pas possible des 2 côtés de la poignée, ce qui rend difficile d'utiliser la main droite seule pour ces opérations...

La bande velcro et la vis de la poignée doivent être bien serrées pour que l'enregistreur ne bouge pas et reste bien calé dans la position montrée dans l'image, pour éviter les bruits si l'on penche le micro, mais si tout est mis en place fermement, l'ensemble est très stable.
Comme pour la photographie ou vidéo, malgré les facilités techniques toujours plus grandes, la prise de son reste un art avec ses subtilités... En plus de la position relative du micro par rapport au sujet, il est crucial d'éviter le moindre mouvement parasite qui ne manquera pas de produire des bruits gênants vu la grande sensibilité de ce matériel ! Et à moins d'utiliser une perche, attention au moindre souffle, feuille morte sous le pied, bruits internes de digestion, qui seront plus fort que le son émis par l'animal dans bien des cas !
Pour le transport sur le terrain entre sites, une sangle photo permet d'avoir le matériel sous la main pour lancer un enregistrement immédiatement, mais comme pour un appareil photo, la longueur devrait être réglée courte pour la marche (pour éviter les mouvements de balancier) et longue pour les prises de son/vues. Et comme pour le montage sur une rotule de tripode photo, il faudra acheter une bague d'adaptation 3/8' - 1/4', les supports fournis, poignée et pince, ne descendant pas au-dessous de 3/8'. Il est bien entendu possible d'utiliser une sacoche, ou d'enlever le micro de son support et de démonter la poignée, le tout entrant alors dans une pochette, mais cela prend un certain temps.
Réglages, autonomie
pour obtenir environ
5-6 heures avec 2 batteries rechargeables type AA eneloop (blanc/bleu ~2000 mAh) avec les réglages suivants :
- 1 x microphone mono (2 mA et 48V)
- pas de casque/écouteurs (ne devrait pas être un problème dans le cadre qui nous intéresse ici, pas de saturation, onde affichée sur l'enregistreur, etc)
- baisser le niveau de la sortie casque à 0 (même sans casque) semble améliorer l'autonomie !?
- rétro-éclairage de l'écran s'éteignant au bout d'une minute
- enregistrement mono
- 48 kHz de fréquence d'échantillonnage, voire moins (mode 32 bit flottant fixe)
Un micro avec alimentation interne, ou 24 V, devrait permettre de faire durer les batteries un peu plus longtemps.
Une alimentation externe est possible par la prise USB, un Power Bank de 15-20 Ah devrait permettre d'enregistrer 24 heures avec 1 micro. Avec le chargeur-power bank ci-dessous (4 x eneloop dans chargeur, 2 x dans le F3), on peut dépasser 12 heures d'enregistrement.
Même lorsque les batteries se vident complètement, les fichiers semblent être correctement enregistrés.

Ci-dessus les accessoires utilisés : la bande velcro, le chargeur de batteries, et 3 mini bouchons pour les prises USB-C + 2 x jack 3,5 mm (pour protéger un peu le F3, pas imperméabilisé). Rajouter une prise USB-A - C pour utiliser ce chargeur comme powerbank, et un 2
ème velcro pour le fixer à un support.
Les accus rechargeables semblent indispensables vu la durée très limitée des batteries alcalines, surtout si les températures sont basses. Une paire en réserve dans la poche permettra d'assurer une journée complète d'enregistrement avec cette configuration.
Un chargeur "intelligent" avec charge individuelle est recommandé selon mon expérience, pour éviter que les accus chauffent, aient une capacité amoindrie et une courte durée de vie. Celui-ci, le Panasonic CC-BQ87 fonctionne sur USB, ce qui permet de le brancher dans une voiture ou sur un PC, un avantage pour un enregistreur de terrain, ou encore sur le réseau électrique avec un adaptateur - non fourni. En mode powerbank il permet au F3 d'enregistrer environ 10 heures avec 4 eneloop PRO, 1 micro à 24 V (Lom BasicUcho), et 96 mHz de fréquence d'échantillonnage.
Capacité : Une carte SD de 32 GB permettra d'enregistrer environ 5 heures 45 minutes en stéréo à 192 kHz, et environ 46 heures pour un seul canal à 48 kHz.
La qualité maximale de 192 kHz ne semble pas utile pour un usage normal, les fichiers deviennent vite lourds, l'autonomie pourrait être réduite (pas testé). 48 kHz devrait suffire à assurer une qualité optimale - à moins de vouloir enregistrer des fréquences supérieures à 24mHz, le Rode NTG5 semble enregistrer jusqu'à 28 mHz au moins..
Note :
les enregistrements sont beaucoup plus "propres" que les images ci-dessous le suggèrent, mais le volume a été normalisé à -3 dB, donc le bruit de fond est lui aussi amplifié.

Ce micro enregistre apparemment aussi des fréquences légèrement supérieures aux 20-20'000 Hz annoncés :

On voit ci-dessus que des enregistrements limités à 48 kHz de fréquence d'échantillonnage, donc jusqu'à 24 kHz de fréquence maximum, sont correctement enregistrés par le microphone (5,5, 6,7 sec.) jusqu'à ce maximum, donc probablement encore au-dessus à voir le spectrogramme ci-dessus. Dans ce cadre des enregistrements jusqu'à 96 kHz de fréquence d'échantillonnage peuvent éventuellement être utile avec ce microphone - au moins pour visualiser des spectrogrammes.

Ci-dessus un autre exemple avec des valeurs plus discrètes à 22 kHz.

Exemple avec autres espèces en bruit de fond.

Ci-dessous : noter les étranges "harmoniques en miroir" à partir de 1:33... au lieu de suivre un multiple 1, 2, 3 x la fréquence de base (~12-13 kHz), la forme d'onde de ce qui ressemble à une harmonique vers 23-34 kHz suit une courbe inverse !

En dehors de ces fréquences harmoniques secondaires, la plupart des cris ou chants d'oiseaux se situeraient dans la plage audible par l'homme - avec de rares exceptions comme par exemple 54 KHz pour le Pouillot à gorge blanche
Abroscopus albogularis.

Avec une micro différent on peut enregistrer des fréquences plus élevées, ici une Pipistrelle soprane au-dessus de 50 kHz, avec un LOM basicUcho
S'il s'agit de graver des CDs, 44,1 kHz ou 88,2 kHz seront préférables, bien que le logiciel d'édition audio ou les plugins utilisés auront peut-être d'autres préférences.
C'est à travers ces figures graphiques parfois aisément reconnaissables que des applications d'identification par reconnaissance acoustiques existent depuis des années, grâce à "l'intelligence artificielle" !
À noter que les niveaux d'enregistrement du F3 ne sont pas réglables puisqu'il n'y a pas de saturation possible, seuls le volume de la sortie casque et de la ligne OUT le sont.
L'enregistreur peut aussi être utilisé comme interface audio (DAC), la fréquence d'échantillonnage est alors limitée à 96 kHz.
Éviter de monter les micros directement sur le F3, à part s'ils sont très courts, avec embout en plastique, et dans ce cas uniquement pour des installation fixes ! Même si une configuration type F1 SSH semble séduisante, il y a un risque de rayer le revêtement/peinture du micro, et de bruits parasites si le micro bouge un peu dans la prise !
Des modules en option existent pour commander le F3 à distance par Bluetooth et smartphone/tablette, ainsi que pour la synchronisation vidéo, mais les 2 ne peuvent pas être utilisés en même temps...